L'ambassadeur Hugues Pernet revient sur le conflit Russie-Ukraine et la question nucléaire, autour de l'architecture de sécurité héritée de la guerre froide : une solution est-elle envisageable entre la Russie et l'Ukraine ?
L’histoire au service du futur : Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est-il soluble ? (T 1581)
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Pour rechercher une issue il convient de revenir sur un passé récent, encore trop méconnu, en sachant qu’une solution durable ne sera, par construction, ni équitable ni juste. Revenons sur quelques dates importantes. Le 16 juillet 1990, le Parlement de l’Ukraine soviétique adopte « la déclaration de souveraineté de la RSS d’Ukraine ». Voté par une majorité communiste, ce texte n’est pas une déclaration d’indépendance mais en ouvre la voie. Il précise que l’Ukraine doit être « neutre et dénucléarisée ». Il n’indique pas qu’elle doit être désarmée. Le 24 août 1991, au lendemain du putsch manqué à Moscou contre le président de l’Union soviétique Gorbatchev, ce même Parlement vote l’Acte d’indépendance de l’Ukraine. C’était une sécession ouverte, susceptible d’entraîner une réaction violente de la part des Autorités soviétiques qui disposaient alors de plus de 600 000 soldats sur le territoire ukrainien.
La menace était réelle ainsi que j’en témoigne dans mon ouvrage, Journal du premier ambassadeur de France à Kiev 1990-1993. Paradoxalement, elle n’est pas venue de Gorbatchev, président de l’URSS, mais du président de la Fédération de Russie, Eltsine, élu au suffrage universel, qui déclare le 26 août 1991, soit deux jours après la déclaration d’indépendance de l’Ukraine, que « la Fédération de Russie se réserve le droit de soulever la question de la révision des frontières. Cela se rapporte à toutes les Républiques contiguës, sauf les trois pays baltes ».
La question territoriale est donc posée dès le 26 août 1991. Sa légitimité reste à démontrer. En aucun cas cela ne justifie le recours à la force de Vladimir Poutine. Ignorer cette problématique n’est pas nécessairement de bonne politique.
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