Réussir le pivot asiatique implique pour la Russie d’améliorer considérablement le niveau socio-économique et démographique de son Extrême-Orient, véritable plateforme d’accès terrestre et maritime au bassin indo-pacifique. Dans cette zone, elle doit continuer d’intensifier ses échanges avec ses deux partenaires majeurs qui sont la Chine et l’Inde, maintenir le statu quo actuel avec le Japon et la Corée du Sud, dans l’attente de jours meilleurs après la fin de la guerre en Ukraine et optimiser ses relations avec tous les pays de l’ASEAN, cinquième bloc économique mondial.
Le pivot asiatique de la Russie (T 1595)
© Peter Fitzgerald (traduction française parJoelf) via Wikimedia Commons
L’intérêt porté par la Russie à l’Extrême-Orient et l’Asie est une constante de son histoire mouvementée. C’est sous le règne d’Ivan IV le Terrible que ce pays devint un empire euro-asiatique après la prise des khanats d’Astrakhan (1556), de Kazan (1557) et le début de la conquête de la Sibérie par l’ataman cosaque Ermak.
Près de deux siècles plus tard, quand Pierre le Grand a fait de la Russie une grande puissance européenne par le biais d’une occidentalisation à marche forcée, il a néanmoins continué de conforter le flanc oriental de son empire en direction de la Chine et du Kamtchatka, où se déploient alors une garnison russe et des îles Kouriles, explorées en 1717 par les Cosaques.
Plus près de nous au vingtième siècle, en 1955, Nikita Khrouchtchev avait envisagé de constituer un bloc sino-soviéto-indien face à l’Occident mais les guerres entre la Chine et l’Inde en 1962 puis entre l’Union soviétique et la Chine en 1969 firent avorter ce projet.
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