Quelques jours après la mort accidentelle, dans un crash d'hélicoptère, du Président iranien Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, Didier Chaudet dresse les premières conséquences de cet événement sur la vie politique intérieure iranienne et à l'international.
Mort du président Raïssi : quelles conséquences immédiates en Iran ? (T 1602)
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Le 19 mai 2024, le président iranien Ebrahim Raïssi, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et d’autres officiels iraniens sont morts dans un accident d’hélicoptère. À l’heure où ces lignes sont écrites (matin du 21 mai heure de Chine, où vit l’auteur de cet article ; nuit du 20 au 21 mai, heure française), que peut-on dire de cet incident et de ses conséquences ?
Rejeter les théories du complot
On peut déjà dire que, très probablement, il s’agit effectivement d’un accident, dû sans doute, au moins en partie, à la météo, particulièrement brumeuse. Par la suite, les secours ont également été limités par le mauvais temps (pluie, brouillard) pour retrouver les décombres de l’appareil. L’hélicoptère utilisé avait été acheté aux Américains à l’époque du chah, et devenait difficile à manœuvrer avec de mauvaises conditions météorologiques. Il ne faut pas oublier l’état désastreux de nombre de moyens de locomotion en Iran, une conséquence directe des sanctions qui ont été imposées au pays. L’Iran est sans doute, aujourd’hui, l’un des pays les plus dangereux quand on voyage par la route ou en utilisant un vol intérieur. Les accidents y sont plus importants que la moyenne. On l’a oublié, parce qu’il s’agissait d’un personnage moins important, mais le ministre des Sports iranien, Hamid Sajjadi, a également été victime d’un accident d’hélicoptère, en février 2023, dans la province de Kerman (1). Le conseiller du ministre est mort sur le coup, et le ministre a souffert d’une hémorragie au cerveau. Il a survécu à l’accident mais, à cause des conséquences de ce dernier sur sa santé, il a démissionné.
Certes, on peut considérer comme suspicieux qu’un régime qu’on présente comme capable de gêner les Occidentaux et leurs alliés dans la région ait été, un temps, silencieux sur l’incident, laissant se développer des rumeurs dans le pays. C’est très probablement la surprise causée par l’événement qui a provoqué ce moment de flottement. Et aussi, le manque d’efficacité ou de préparation des secours dans de telles circonstances : il a fallu quinze heures de recherches et l’utilisation d’un drone turc (et non iranien), équipé de capacités infrarouges, pour retrouver l’hélicoptère au sol.
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