Alors que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine persiste, la Conférence internationale pour la paix en Ukraine, qui s’est tenue les 15 et 16 juin derniers, était supposée apporter des perspectives d’un processus de paix. Elle ne semble toutefois pas avoir atteint les objectifs fixés ; en témoignent notamment l’absence de certains, dont la Chine et surtout la Russie, mais également la déclaration finale du sommet mondial. Guy Vinet livre une analyse des occasions manquées de l’événement.
Conférence internationale pour la paix en Ukraine (2/2) : Beaucoup de bruit pour rien (T 1612)
La présidente fédérale suisse Viola Amherd (à gauche) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) assistent à la conférence de presse de clôture du Sommet sur la paix en Ukraine, à Stansstad (Suisse). (© KEYSTONE/EDA/POOL/Urs Flueeler)
La Confédération helvétique a organisé les 14 et 15 juin derniers une conférence internationale pour la paix en Ukraine (Summit on Peace in Ukraine) (1). Une précédente tribune (2) a présenté au lecteur de la RDN les mesures préparatoires, les objectifs et les perspectives de cette conférence dont l’idée originale avait été discutée entre les autorités suisses et le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au début de l’année 2024. Si le but général de la conférence était d’inspirer un processus de paix pour l’Ukraine, « une paix durable et juste », le président ukrainien comptait également renforcer sa position diplomatique sur la scène internationale en tentant d’y rassembler le nombre le plus élevé de délégations nationales et de représentations internationales. Son objectif était ainsi de renforcer l’isolement de la Russie. Néanmoins, au terme de la conférence, il n’est pas établi que l’événement ait atteint les visées souhaitées.
Une participation satisfaisante
Alors que plus de 160 invitations avaient été envoyées par les autorités helvétiques en avril dernier, 92 délégations nationales, dont 55 étaient conduites par les chefs d’État ou de gouvernement, et 8 délégations d’organisations internationales, dont 3 de l’Union européenne (Conseil, Commission et Parlement) ont participé à la conférence. Le continent africain était très peu représenté et l’Asie du Sud-Est, modérément. Parmi les pays issus de l’Union soviétique, l’absence des pays d’Asie centrale a été remarquée ainsi que celle de l’Azerbaïdjan, alors que l’Arménie et la Géorgie étaient présentes. Par ailleurs, deux délégations nationales ont participé en qualité d’observateur, celles du Brésil et du Saint-Siège. Pour autant, le taux de participation et le niveau des délégations avaient été jugés satisfaisants par le Président ukrainien dès avant la conférence.
Deux absences ont été singulièrement remarquées. Tout d’abord, la Russie : non seulement partie au conflit mais surtout État agresseur, elle n’avait pas été invitée à la demande du Président ukrainien. En effet, celui-ci ne souhaitait pas offrir à Moscou une tribune pour sa propagande, anticipant ses discours habituels. Par ailleurs, la Chine, après avoir laissé planer le doute sur sa présence, avait annoncé qu’elle ne participerait pas, du fait de l’absence de la Russie.
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