Parmi les revues – Kotkin Stephen, « The Five Futures of Russia —And How America Can Prepare for Whatever Comes Next », Foreign Affairs (T 1620)
Dans sa livraison de mai-juin 2024, la revue américaine Foreign Affairs propose à ses lecteurs un article consacré aux possibles scénarios qui peuvent se développer en Russie dans un avenir de moyen à long terme sur la base de la situation actuelle caractérisée principalement par sa guerre en Ukraine et ses différentes implications. En complément à ses hypothèses, l’auteur (1) présente des options que les États-Unis pourraient ou devraient mettre en œuvre afin de retrouver ou de conforter leur position dominante sur la scène internationale.
De manière assez plaisante et piquante pour le lecteur français, l’auteur commence sa démonstration en prenant l’exemple de la France dont il souligne qu’elle pourrait constituer un modèle à suivre ou à atteindre pour la Russie. Il n’est pas certain que ce développement puisse être qualifié de compliment pour notre pays. Le lecteur en parcourt rapidement l’histoire principalement par ses épisodes les moins glorieux : la Terreur révolutionnaire, les défaites napoléoniennes, le coup d’État de 1851, la Commune de Paris, et Vichy, pour ne citer qu’eux. Pour tragiques ou désastreux que furent ces événements et bien d’autres, la France ne s’en trouve pas moins aujourd’hui dans un état institutionnel satisfaisant et équilibré. Il n’en faut pas davantage à l’auteur pour en conclure, provisoirement, que la Russie a besoin de son « Charles de Gaulle ».
La France, tout comme la Russie, est décrite comme un pays à l’appareil d’État solide, doté d’un régime d’essence quasi-monarchique, qui a des prétentions de grande puissance et une culture nationale forte. Ces éléments de comparaison sont loin de masquer les évolutions respectives des deux pays dont l’une, celle de la France, pourrait inspirer l’autre, celle de la Russie. Il est peu douteux, selon l’auteur, qu’une frange de la population russe souhaiterait un tel mouvement d’ouverture alors que, pour une autre partie, il s’agit d’un interdit. Une éventuelle percée démocratique vers l’ouest est d’autant moins envisageable qu’elle est en totale contradiction avec un pouvoir russe persuadé des intentions maléfiques de l’Occident à l’encontre du pays. Pourtant, celui-ci aurait bien des intérêts à cette approche dans les domaines démographique, technologique, économique et commercial. Le repli semble bien être la voie privilégiée par le président Poutine qui le lie à son propre destin politique d’autocrate.
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