Guy Vinet aborde le conflit en Ukraine sous le prisme des relations politiques et militaire entre l’Occident et l’Ukraine. Il met en exergue la stratégie occidentale à double tranchant pour aider l’Ukraine à se défaire de la prise Russe. En dépit d’une assistance militaire importante (armements et formations) apportée à l’Ukraine pour faire face à l’agression russe, les Occidentaux n’ont toujours pas explicité l’objectif commun qu’ils souhaitent ainsi atteindre. Il en résulte une aide qui semble livrée de manière erratique doublée d’un manque de vision stratégique. Cet état de fait n’est pas sans conséquences, inverses, tant pour l’agressé que pour l’agresseur.
L’Occident face à la guerre russe en Ukraine : quelle stratégie ? (T 1625)
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Depuis le 24 février 2022, l’Ukraine subit une agression militaire brutale et illégale de la Russie par le biais d’une large offensive terrestre et d’attaques aériennes régulières. Les objectifs du Kremlin assignés à l’offensive contre son voisin occidental ont été formulés de manière parfois évolutive. Le président Poutine a ainsi d’abord parlé de « dénazification », de « démilitarisation » et de « neutralisation », mettant en avant des menaces chimériques que l’Ukraine ferait peser sur son pays. En réalité, son but était, et demeure, de subjuguer ce voisin indocile.
Le fait de refuser le terme « guerre » au profit d’« opération militaire spéciale » pour labelliser cette agression armée indiquait de manière sous-jacente que l’Ukraine ne constituait pas, aux yeux du Président russe, un État souverain et qu’elle devait revenir dans le giron de la Russie, dont elle n’aurait jamais dû sortir. Il s’agissait de mettre fin aux errements ukrainiens résultant des décisions prises au cours de l’année 1991, qui avaient conduit à l’indépendance du pays appuyée à l’époque, paradoxalement, par le président russe Eltsine. L’arrivée au pouvoir à Moscou de Vladimir Poutine en 1999 allait changer la donne, surtout à partir de 2007 (conférence de sécurité de Munich), puis de 2008 avec la brève guerre russe en Géorgie ; le ton de ce qui allait suivre était donné.
En bref, la stratégie du Kremlin depuis 2014 par la voie de la déstabilisation, puis surtout depuis février 2022 par celle de la conquête militaire, a pour objectif de permettre à la Russie de reprendre le contrôle d’une province perdue. L’objectif a le mérite de la clarté et se trouve confirmé à chaque fois que quelque esprit naïf mentionne d’hypothétiques négociations de paix entre les deux pays : pour Moscou, il ne saurait y avoir de discussions sans reddition pure et simple de Kiev.
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