L'ambassadeur Bertrand Besancenot revient sur l'actualité du Moyen-Orient. Il analyse le retour des ventes d'armes américaines à l'Arabie saoudite ainsi que la situation dans laquelle se trouvent l'Iran et le Hezbollah.
Chroniques du Moyen-Orient – Ventes d’armes américaines à l’Arabie saoudite et difficultés actuelles de l’Iran et du Hezbollah – Été 2024 (T 1631)
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L’administration Biden a ré-autorisé les ventes de bombes dites offensives à l’Arabie saoudite, érigée en alliée indispensable des intérêts américains au Moyen-Orient. À défaut de pouvoir signer un pacte de défense en échange d’une normalisation avec Israël, Washington a tout de même tenu à récompenser son allié saoudien, avec qui les relations se sont nettement améliorées. Les États-Unis viennent d’autoriser la reprise des exportations de munitions sol-air de précision vers Riyad, interrompues par le Président américain en 2021 en raison de la guerre punitive menée par le royaume au Yémen. Les livraisons comprendront 3 000 bombes de petit diamètre visant des cibles précises à distance, et 7 500 bombes Paveway IV capables d’identifier leur cible à l’aide de lasers ou satellites. Selon le Wall Street Journal : « c’est la capacité dont une armée de l’air moderne a besoin », a déclaré un responsable du Département d’État au quotidien. La commande, d’un montant total de 750 millions de dollars, devrait être acheminée sur plusieurs mois.
L’administration Biden signale qu’elle ne compte plus faire pression sur l’Arabie saoudite au sujet du le dossier yéménite. Un nombre important de parlementaires démocrates et républicains s’étaient auparavant opposés à tout changement dans la politique de suspension envers le royaume, en raison des violations des droits de l’homme. Or, il n’y a pas eu une seule frappe aérienne saoudienne au Yémen et les tirs transfrontaliers contre l’Arabie saoudite ont, en grande partie, cessé. Les Saoudiens avaient accepté la trêve de 2022 dans le contexte de cette interdiction d’armes offensives, parce qu’ils ont vu les dommages que les Houthis pouvaient leur infliger. Il est toutefois peu probable que Riyad s’engage aujourd’hui dans une guerre qui nuirait à ses intérêts économiques.
D’un autre côté, la nouvelle livraison de bombes sert à notifier aux Houthis que la distance entre Riyad et Washington s’est réduite, alors que les attaques de drones et de missiles contre des navires de fret traversant la mer Rouge ont eu un impact considérable sur le commerce maritime. Ce pourrait être un moyen de montrer à Téhéran et Sanaa que le partenariat sécuritaire entre les États-Unis et l’Arabie saoudite reste solide dans les moments critiques. Il s’agirait également de restaurer la réputation de Washington en tant que fournisseur d’armes stable. L’administration Biden arrive au Moyen-Orient avec une liste de souhaits très difficiles à réaliser sans les Saoudiens, ce qui explique aussi la levée de l’embargo que Riyad avait vécu comme une insulte.
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