Cette semaine, au lendemain du Paris Defence and Strategy forum 2025 qui a eu lieu à l'École militaire, le général Pellistrandi salue le succès de cette deuxième édition. Il était nécessaire de créer un rendez-vous international français alors même que l'actualité géopolitique démontre quotidiennement le renforcement des menaces aux portes de l'Europe.
Éditorial – Paris Defence and Strategy Forum 2025 : Deuxième édition réussie (T 1693)
Paris Defense and Strategy Forum 2025: A Successful second edition
This week, the day after the Paris Defence and Strategy Forum 2025, which took place at the École Militaire, General Pellistrandi hailed the success of this second edition. It was necessary to create a French international event at a time when geopolitical events daily demonstrate the strengthening of threats at Europe's doorstep.
En mars 2024, le général de corps d’armée (GCA) Benoît Durieux, alors directeur de l’IHEDN et président de l’Académie de défense de l’École militaire (Academ), eut l’audace de lancer la première édition du Paris Defence and Strategy Forum (PDSF). En effet, si la France abrite les plus grands salons de l’armement comme le Bourget (prochaine édition en juin prochain), Euronaval et Eurosatory, il manquait un grand rendez-vous stratégique permettant la rencontre d’opérationnels, de politiques, de chercheurs, d’étudiants, de diplomates, d’élus et d’industriels. Bien sûr, il y a la fameuse Munich Security Conference, depuis plus de soixante ans et dont l’édition de février a fait sensation avec les propos pour le moins agressifs du vice-président américain J. D. Vance à l’égard des Européens, ou encore le Warsaw Security Forum à Varsovie, lui aussi devenu indispensable avec la montée de la menace russe, mais il était nécessaire de créer un rendez-vous en France.
Avec cette deuxième édition réussie, une nouvelle étape a ainsi été franchie confortant le principe du PDSF et mettant enfin en valeur Paris dans son rôle stratégique. À cela, il faut reconnaître que l’actualité géopolitique ne pouvait que donner de l’écho à ce grand rendez-vous organisé durant trois jours à l’École militaire et au musée de la Marine avec la réunion autour du président Emmanuel Macron des chefs d’état-major d’une trentaine de pays européens et alliés – avec l’absence des États-Unis – pour discuter de l’Ukraine et de l’architecture de sécurité dont l’Europe a besoin.
Environ 4 000 personnalités militaires et civiles ont ainsi assisté aux différentes tables rondes, conférences et rencontres proposées avec une dimension internationale affirmée. L’idée originale est de relier « physiquement » les différents lieux de l’organisation autour d’une agora située au cœur de l’École militaire permettant à tous les participants de se croiser et donc d’échanger, donnant ainsi à l’Academ et ses partenaires une visibilité médiatique indéniable, à laquelle la RDN était présente avec son stand et un passage sur l’écran de Public Sénat.
Alors que la guerre en Ukraine est entrée dans sa quatrième année et que Moscou ne montre aucune volonté de désescalade, tandis que l’administration Trump rebat brutalement les cartes de l’échiquier géopolitique, obligeant l’Europe à regarder enfin la réalité stratégique en face, un tel Forum s’impose et démontre l’importance de pouvoir échanger et avancer sur les enjeux de défense. À cet égard, l’inauguration et le discours d’ouverture par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, étaient attendus comme autant de messages politiques dépassant le simple cadre de l’École militaire, permettant de réaffirmer les engagements à la fois de la France à l’égard de l’Ukraine, et de l’Europe, face à la menace russe.
La diversité des délégations étrangères reçues témoigne du rôle de notre pays – trop souvent dénigré en interne – mais dont nos partenaires alliés mesurent, quant à eux, notre responsabilité comme acteur majeur de la sécurité internationale face au retour des empires et du rapport de force comme mode de régulation.
Ce deuxième forum ouvre donc une nouvelle étape en attendant l’édition 2026 et a constitué, outre son succès, ce temps indispensable d’échanges et de réflexions alors même que l’actualité stratégique ne cesse de s’accélérer avec, d’une part, l’intransigeance du Tsar du Kremlin et, d’autre part, l’imprévisibilité du 47e President of the United States (POTUS). Avec, au milieu, une Europe, longtemps trop tendre herbivore, qui doit accélérer pour ne pas se faire dévorer par les nouveaux carnivores de la planète.