L’auteur fait le point sur la crise en Égypte dont l’enjeu est la Constitution. L’armée se place désormais en recours pour départager les tenants du Président de la République élu mais dont l’engagement politique est vivement contesté par les adversaires des Frères musulmans.
Égypte : le « sentier obscur » ! (T 307)
Dans une déclaration rendue publique le samedi 8 décembre, l’Armée égyptienne est sortie du silence dans lequel elle se tenait depuis le début de la crise qui secoue le pays depuis des mois. Elle s’est prononcée pour le dialogue et a prévenu que faute de cela, l’Égypte emprunterait « un sentier obscur » qui déboucherait sur un désastre. Venant s’ajouter aux autres appels au dialogue, celui émanant de l’Armée démontre clairement la gravité de la situation.
En effet, le malaise pressenti parmi la population depuis quelques mois, a très vite cédé la place à une crise latente puis déclarée. Non seulement les manifestations opposées se sont multipliées mais elles se sont soldées par des victimes et des blessés. Sur un autre plan, un bras de fer est engagé entre pouvoirs exécutif et juridique. Les magistrats, dans leur majorité, se sont révoltés contre la main mise du chef de l’État sur l’appareil judicaire en vertu de sa déclaration constitutionnelle du 21 novembre. Quant à la Cour constitutionnelle, elle a suspendu ses travaux en protestation contre le « siège » imposé de ses locaux par des manifestants soutenant le chef de l’État. La polarisation politique, qui caractérisait la société égyptienne depuis un moment déjà, s’étend progressivement aux différents secteurs de la vie courante de la société tels que les médias, et les journalistes, avec en toile de fond, une crise économique aiguë. Il devient indispensable de mettre fin à cette situation alarmante avant qu’il ne soit trop tard.
Or, la lecture de la situation nous pousse à formuler plusieurs constatations qui, dans leur ensemble, reflètent la complexité et la gravité de la situation.
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