Dans un article de la revue (Jean-Luc Lefebvre « Xavier Sallantin : un stratégiste à redécouvrir », novembre 2009), on aura vu comment après Hiroshima, il m’a semblé requis que la pensée militaire disposât d’un nouvel outillage conceptuel pour appréhender une stratégie devenue globale. Il en allait de même vis-à-vis des grandes échéances de l’an 2000 que l’on pouvait déjà entrevoir dans les années 50, en conséquence d’une inéluctable mondialisation. Je me suis donc attelé, depuis lors, à la recherche des instruments de bord nécessaires pour anticiper, gérer et piloter une mutation qui m’est peu à peu apparue comme une rupture sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Ce qui suit prolonge mon dernier article paru dans cette même revue en août 1976 sur la « métastratégie ». Il fait le bilan, 34 ans plus tard, d’une recherche engagée voici plus d’un demi-siècle sur le sens de cette mutation. L’histoire humaine n’est que la minuscule fraction émergée d’un iceberg dont la partie immergée est l’histoire de l’Univers plongeant à une profondeur de 14 milliards d’années.

Pour comprendre la rupture en cours et en rester le maître, il ne faut pas la disjoindre des trois ruptures d’ampleur comparable intervenues dans le cours de l’histoire de l’Univers, et auxquelles nous devons d’exister : les apparitions ou émergences successives, de plus en plus locales et sélectives, de la matière, de la vie et de la pensée. La géostratégie planétaire doit désormais être dépassée par une « holostratégie » embrassant le tout (en grec holos) de l’histoire de l’Univers, tant naturelle que culturelle.

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