Typologie des coups d’états militaires en Afrique depuis les indépendances et place des armées dans la politique, tels sont les points évoqués par l’auteur.
Les coups d’État militaires en Afrique, d’hier à aujourd’hui (T 464)
Military coups in Africa, from yesterday to today
Typology of military coups in Africa since independence and place of armies in politics, these are the points mentioned by the author.
C’est avec stupeur que les Maliens, l’Afrique tout entière et la Communauté internationale ont appris, aux premières heures du 22 mars 2012, que le régime du président Amadou Toumani Touré était renversé par un coup d’État militaire. L’armée malienne lui reprochait le « manque de moyens » pour combattre la rébellion touarègue. Ce coup d’État aurait constitué un non-événement s’il ne s’était agi du président Amadou Toumani et du Mali, pays considéré comme un « modèle » de construction démocratique en Afrique. Au-delà du Mali, c’est la problématique de la place et du rôle de l’armée dans la vie politique et, partant, dans la construction démocratique qui est posé. Comment expliquer que le phénomène du coup d’État militaire qui était récurrent dans les premières années de l'indépendance, se présente après vingt ans de processus démocratique, comme une donnée structurelle de la vie politique en Afrique ?
Pour répondre à cette question, le développement analyse successivement l’âge d’or des coups d’État militaires (1952-1990) puis les coups d’État de l’ère « démocratique » (1990-2012) pour évaluer s’il y a continuité ou rupture.
« L’âge d’or » des coups d’État militaires
Cette pratique politique, appelée coup d’État militaire *, a été inaugurée le 23 juillet 1952 par le « Groupe des officiers libres » de l’Armée égyptienne conduit par le général Mohamed Néguib et le colonel Gamal Abdel Nasser. C’est le premier coup d’État en Afrique et il renverse le roi Farouk. Le second coup d’État intervient le 17 novembre 1958 au Soudan quand, en accord avec le gouvernement Khalil, le maréchal Ibrahim Abboud s’empare du pouvoir. L’Afrique noire rejoint le mouvement le 13 janvier 1963, quand un groupe de militaires togolais, fraîchement libérés de l’Armée française assassinent le président Sylvanus Olympio. Donc, de juillet 1952 à 1990, le coup d’État militaire devient un élément central de la vie politique en Afrique dominée par le monopartisme. L’Armée, une des rares forces sociales organisées devient une force d’alternance politique. Les coups d’État se multiplient et atteignent le chiffre record de 50 coups d’État réussis (estimations de l’auteur) pour plusieurs dizaines de tentatives sinon plus. Les griefs sont classiques.
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