La Réforme du secteur de la sécurité (RSS) en Côte d’Ivoire devrait permettre de donner un nouveau corps et un nouvel esprit à l’outil ivoirien de défense. Au regard du rôle joué par l’armée ivoirienne dans la crise qu’a connue le pays, nous pensons que le système ivoirien de défense devrait être à la fois pansé et repensé dans le cadre de la RSS. Au-delà du simple jeu de mots, l’appareil de défense en Côte d’Ivoire a besoin d’être soigné à cause des blessures profondes que les différents affrontements entre les ex-Forces de défense et de sécurité (FDS) et les ex-Forces armées des forces nouvelles (FAFN) ont créées au cours de ces dernières années, plus particulièrement, pendant la crise post-électorale. Même si, aujourd’hui, la fusion entre ces ex-belligérants semble être devenue une réalité matérielle, à travers la création des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), force est de constater que de fortes rancœurs subsistent encore au sein de l’armée ivoirienne. Les ignorer ou feindre de ne pas le savoir, ou encore ne pas en tenir compte dans le processus de la RSS, serait bâtir la nouvelle armée ivoirienne sur un volcan, prêt à exploser à tout moment. Et cela pourrait avoir de graves conséquences, à l’avenir, sur le pays.

Repenser l’outil de défense ivoirien revient à entreprendre une réflexion stratégique globale et poussée sur l’armée ivoirienne à laquelle la nouvelle génération d’intellectuels ivoiriens prendrait une part active ; car faut-il encore rappeler que les questions de défense, tout comme les problèmes de sécurité sont une affaire de génération. En un mot, la défense est fille de son époque ! Cette réflexion devrait donc inscrire l’armée dans l’air du temps et l’adapter à la situation sociopolitique actuelle en Côte d’Ivoire et aux nouveaux enjeux sécuritaires continentaux et internationaux.

La présente analyse nous permettra de mieux comprendre les enjeux de la réforme de l’outil de défense dans ce contexte post-conflit en Côte d’Ivoire. Par une approche chronologique, notre analyse s’articulera ainsi : la première partie portera sur l’état des lieux de l’outil ivoirien de défense sous l’ère de Félix Houphouët-Boigny (1960-1993), premier président de la République ivoirienne. Dans une deuxième partie, il sera question des différentes difficultés auxquelles l’outil ivoirien de défense a été confronté dès 1993, année de la mort du président Houphouët-Boigny. Enfin, dans une troisième partie, nous aborderons la situation actuelle à la suite de la crise post-électorale de 2011.

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