La question de l’adaptation de la France à l’économie de marché est une question ancienne et récurrente avec pour certains experts une incapacité durable à poursuivre dans le contexte de l’euro. Une remise à plat pourrait sembler nécessaire ainsi qu’un changement d’orientation économique.
Guerre économique : la France désarmée (T 828)
Economic war: France disarmed
The question of France's adaptation to the market economy is a long-standing and recurring question, with some experts having a lasting incapacity to continue in the context of the euro. A flattening may seem necessary as well as a change of economic orientation.
La crise financière qui agite le monde depuis 2008 s’inscrit, pour la France, dans une autre, beaucoup plus grave et plus ancienne, qui date de la réponse du septennat de Valéry Giscard d’Estaing au choc pétrolier de 1973-1974. La France renoue à cette occasion avec une politique de franc surévalué et d’austérité qui l’avait déjà ruinée avant la guerre et portait une responsabilité certaine dans la débâcle de 1940. Ce retour lui fera perdre en dix ans 700 000 emplois industriels sur les 5,5 millions de 1970 (cf. notre article « La France en voie de sous-développement » publié il y a 33 ans). Aujourd’hui, c’est la moitié environ qui a disparu. Maintenue depuis plus de 40 ans malgré les alternances au pouvoir, cette politique désarme la France dans une guerre économique où se joue son destin. Elle procède de trois erreurs fondamentales et liées, étayées par une série de sophismes et d’impostures.
1re erreur : le refus de la dévaluation
40 ans après Pierre Laval, Raymond Barre défend le franc au nom de la préservation de l’épargne et du pouvoir d’achat par le bas prix des produits importés. Confronté aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979, il invoque également la maîtrise de la note pétrolière en devises, et de l’inflation qu’elle provoque. Ce choix pouvait se justifier à court terme sans trop nuire à la compétitivité de l’industrie. L’arrimage progressif du franc au deutsche mark, entamé en 1972, sera pourtant poursuivi pour s’achever en 1999 avec l’adhésion à l’euro.
Ignorant les résultats spectaculaires de la dévaluation de 1969 (une croissance moyenne de 5,5 % par an jusqu’à fin 1974, inflation déduite), cette doctrine du « franc fort » se trouve également contredite par la guerre à laquelle se livrent les devises pour stimuler les exportations. Elle s’appuie au moins sur deux sophismes :
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