La construction navale militaire est en évolution permanente pour prendre en compte à la fois des technologies toujours plus performantes mais aussi des contraintes opérationnelles grandissantes. La recherche est donc indispensable pour répondre à ces défis et nécessite des investissements lourds et dans la durée, d’autant plus que le numérique a totalement transformé la conduite et le fonctionnement des navires.
Recherche et technologies navales (T 886)
Naval research and technologies
Military shipbuilding is constantly evolving to take into account both ever-improving technologies and increasing operational constraints. Research is therefore essential to meet these challenges and requires heavy and long-term investments, especially as digital technology has completely transformed the way ships operate.
Pendant près de trois siècles, la construction navale a stimulé les sciences et la technologie dans des domaines aussi divers que la dynamique des fluides, la botanique et l’astronomie, la métallurgie, la résistance des matériaux, la thermodynamique et l’énergétique. Dès le XVIIe siècle, Richelieu puis surtout Colbert et ses successeurs estimèrent que la qualité et les performances des vaisseaux devaient compenser une infériorité numérique endémique face à la flotte anglaise : c’est la naissance du concept de supériorité technologique.
Les ingénieurs anglais n’étant pas moins inventifs que les ingénieurs français, il s’ensuivit une compétition technique démarrée au milieu du XVIIIe siècle et poursuivie jusqu’au tournant du XXe siècle. Cette course s’est alimentée, dans les deux pays, bientôt rejoints par les États-Unis, la Russie et l’Allemagne, d’un effort permanent de recherche nécessaire à une innovation soutenue, tant dans le domaine des architectures que dans celui des technologies. Elle a stimulé le développement de la propulsion à vapeur, de la métallurgie du fer, puis de l’acier, de l’électricité et du moteur à combustion. Elle a nourri la recherche scientifique dans l’élaboration de modèles théoriques et le développement de l’approche expérimentale.
Au début du XXe siècle, de nombreux ingénieurs navals ont contribué à l’essor de l’aéronautique. Le premier réacteur nucléaire terrestre à eau pressurisée, installé en 1957 à Shippingport, en Pennsylvanie, était identique à celui monté quatre ans plus tôt sur le sous-marin USS Nautilus. Durant la seconde moitié du XXe siècle, la lutte sous-marine entre blocs a suscité une nouvelle escalade technologique avec le développement parallèle des moyens de détection et de discrétion acoustique. Aujourd’hui, si l’ingénierie navale exploite de nombreuses technologies développées pour d’autres applications industrielles, les conditions très spécifiques d’emploi de ces technologies nécessitent toujours d’importants travaux de validation, d’adaptation et d’intégration.
Il reste 81 % de l'article à lire