Le 17 mars 2017, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, annonçait à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère) le projet de création d’une ligne de production de munitions de petit calibre françaises (5,56, 7,62 et 9 mm). S’appuyant sur l’expertise d’une ETI (entreprise de taille intermédiaire) en pointe en matière de munitions de chasse et de tir sportif, la nouvelle filière vise à redonner à la France son autonomie dans un domaine abandonné depuis plus de vingt ans.
Des munitions françaises pour nos soldats (T 890)
French ammunition for our soldiers
On March 17, 2017, Jean-Yves Le Drian, Minister of Defense, announced in Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistere) the project to create a small-caliber ammunition production line in France (5,56 , 7.62 and 9 mm). Based on the expertise of an intermediate-sized ETI (leader in the field of hunting ammunition and sports shooting), the new sector aims to restore France's autonomy in a field that has been abandoned for more than twenty years. .
Le 17 mars 2017, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, annonçait à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère) le projet de création d’une ligne de production de munitions de petit calibre françaises (5,56, 7,62 et 9 mm). S’appuyant sur l’expertise d’une ETI (entreprise de taille intermédiaire) en pointe en matière de munitions de chasse et de tir sportif, la nouvelle filière vise à redonner à la France son autonomie dans un domaine abandonné depuis plus de vingt ans.
Genèse du projet
En visite sur le site de l’entreprise NobelSport (160 salariés) le 8 avril 2016, le ministre réagissait à un rapport parlementaire remis en décembre 2015 en déplorant l’abandon de cette capacité et en concluant à la nécessité d’un sursaut national : « La France n’a pas de capacité de produire de la poudre pour petit calibre pour elle-même… C’est une question de souveraineté nationale. Nous devons agir rapidement, 2017 au plus tard, pour manifester cette nouvelle dimension de l’activité de l’entreprise NobelSport. » (voir l’article du Télégramme).
De son côté, le groupe Thales cherchait à faire renaître cette activité en France en s’associant au leader mondial de la machine munitionnaire, le français Manurhin. C’est donc tout naturellement que ces deux initiatives convergèrent pendant le salon Eurosatory 2016 puis fusionnèrent au fil des réunions de travail avec le ministère de la Défense à l’automne.
Provisoirement baptisé « Provinces de France », le consortium industriel rassemble quatre champions nationaux. Tandis que Cheddite (groupe SofiSport, à Bourg-lès-Valence) fournira les amorces, le groupe Thales produira les étuis métalliques et les projectiles sur son site industriel de La-Ferté-Saint-Aubin (Loiret). Enfin, les poudres seront élaborées par NobelSport (groupe SofiSport) à Pont-de-Buis-les-Quimerch, où les munitions seront chargées et assemblées par des machines munitionnaires neuves fournies par la firme mulhousienne Manurhin.
Rassembler les compétences
La solution présentée par le consortium naissant présente nombre d’avantages dont celui de rassembler des expertises avérées au profit d’un projet commun. En effet, s’il fallait recréer une filière ex nihilo, plusieurs années seraient nécessaires pour posséder tous les savoir-faire avant d’espérer maîtriser un sujet pour le moins complexe, alourdissant d’autant l’investissement sur un outil entièrement neuf, estimé alors à une centaine de millions d’euros.
Dans le modèle proposé, chaque industriel est leader mondial dans son domaine. Cheddite fabrique plus de 2,2 milliards d’amorces par an, NobelSport produit 2 400 tonnes de poudre, 610 millions de cartouches et 1,5 milliard de douilles par an et Manurhin exporte ses machines munitionnaires dans de nombreux pays. Pour ce qui est des éléments métalliques, Thales profitera de l’expérience plus que centenaire de son entité australienne (Australian Munitions).
Le projet sera donc viable et profitable pour toutes les parties prenantes, dont les armées françaises, qui bénéficieront de munitions de très grande qualité, fabriquées en France sous contrôle étatique, tandis qu’une centaine d’emplois pérennes seront créés, la plupart en région brestoise.
Les munitions futures
Dans cette affaire, des industriels français de renom jouent leur réputation, mais aussi leur crédibilité. En effet, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit rien moins que de créer une filière d’emblée confrontée à une rude concurrence internationale, donc contrainte de s’adapter aux cours du marché.
Les munitions de petit calibre françaises devront donc être compétitives, extrêmement fiables et innovantes pour ce qui est de leurs performances intrinsèques. C’est là que le transfert, depuis l’Australie, des savoir-faire pointus de Thales prendra tout son sens : il portera sur des munitions plus véloces, plus précises, plus sûres, et ne produisant ni lueur ni fumée au départ du coup.
Aujourd’hui, le tir est redevenu un domaine foisonnant d’innovations et la création d’une filière purement nationale redonnera à la France les moyens d’y contribuer. En effet, Thales est déjà un champion français des munitions guidées avec sa Roquette à induction guidée laser (RIGL) et sa Munition guidée de mortier (MGM), et la miniaturisation de ces technologies, soumises à de fortes contraintes balistiques, permettra de répondre, par exemple, aux besoins accrus en précision.
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Ce projet démontre la volonté du ministère de la Défense et de trois sociétés (SofiSport, Thales et Manurhin) françaises privées de participer à la naissance d’une filière d’excellence touchant à l’intimité même du soldat en opération, tant sur le territoire national qu’en opération extérieure, c’est-à-dire la munition approvisionnant son arme de dotation individuelle. Il est crucial que le soldat puisse faire une confiance aveugle à cet élément essentiel pour sa survie (et celle de ses camarades) et déterminant pour l’accomplissement des missions qui lui sont confiées.
Éléments de bibliographie
Commission de la défense nationale et des forces armées : Rapport d’information sur la filière munitions (n° 3361), 16 décembre 2015 (www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i3361.asp).
« Pont-de-Buis-lès-Quimerch. Jean-Yves Le Drian veut relancer la production de poudre militaire », Le Télégramme, 8 avril 2016 (www.letelegramme.fr/finistere/pont-de-buis/pont-de-buis-les-quimerch-jean-yves-le-drian-veut-relancer-la-production-de-poudre-militaire-08-04-2016-11024004.php).