(1929-2023) Historienne française, spécialiste de la Russie. Issue d’une vieille famille géorgienne, ruinée par la Révolution russe et qui avait émigré en France, elle accède à la nationalité française à 21 ans, en 1950. Diplômée de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, docteur ès Lettres, elle est directrice de la Fondation des sciences politiques de Paris, et enseigne dans diverses universités étrangères. Compte tenu de ses origines, elle se spécialise dans l’histoire de la Russie et de l’Union soviétique. La publication, en 1978, de son maître ouvrage, L’Empire éclaté, lui fait atteindre une notoriété internationale, car elle y annonce la fin inexorable de l’empire soviétique, alors au faîte de sa puissance sous Brejnev. Sollicitée par Henri Troyat, elle est élue, en 1990, au 14e fauteuil de l’Académie française. Élue secrétaire perpétuel de l’Académie française en 1999, elle refuse la féminisation de son titre.
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L’implantation soviétique au Moyen-Orient, dont on constate actuellement les effets, est fort récente puisqu’elle n’a débuté qu’après la mort de Staline. Jusqu’alors, on ne pouvait imaginer que la politique soviétique put un jour devenir « orientale » par des voies pacifiques. Le manichéisme étroit mis en honneur par Jdanov en 1948 divisait le monde en deux blocs irréductibles sans qu’il y eût place entre eux pour une troisième « voie ». Dès lors, la soviétisation du Moyen-Orient ne pouvait se concevoir que par trois moyens : révolution prolétarienne violente ; éclatement des pays de populations plurinationales par l’action de minorités dynamiques pro-russes (Kurdes ou Azéris en Iran par exemple) ; enfin occupation militaire par l’Armée rouge. Or, Staline, et avec lui tous les théoriciens soviétiques, n’ont jamais envisagé sérieusement de telles solutions dont ils pressentaient l’inanité. Ils ne pouvaient faire confiance aux qualités révolutionnaires d’un prolétariat local inorganisé et très limité ; ils savaient aussi que la sensibilité panarabe ou paniranienne s’opposerait toujours efficacement à un séparatisme quel qu’il soit ; enfin ils ne voulaient pas courir le risque d’une troisième guerre mondiale qu’eut inévitablement déclenchée une intervention militaire soviétique. Ces réticences sont pleinement apparues dans le refus soviétique de soutenir en Iran les mouvements séparatistes d’Azerbaïdjan et de Mahabad en 1946, et la révolution Tudéi en 1952. Lire la suite
L’été 1957 a été marqué sur le plan des événements mondiaux par une crise – apparemment fort grave – au sein de l’URSS Les commentaires n’ont pas manqué pour l’expliquer. La thèse la plus couramment admise fut celle d’une victoire des « libéraux » sur les « autoritaires », c’est-à-dire d’un début de démocratisation du régime ; elle fut suivie de nombreuses autres thèses toutes plus ou moins optimistes. Lire la suite
Il est dans l’histoire des peuples et des continents des dates et des années-clés qui sont comme autant de repères dans la confusion des chronologies. Dans le monde des pays sous-développés, il est deux années qui ont profondément marqué leur évolution et resteront gravées dans leur histoire : 1954 et la pénétration de l’URSS en Orient, puis 1956 et la pénétration de la Chine en Asie. Le sort de l’Asie est en effet bien troublant en présence des deux grandes puissances communistes dont on peut se demander quels seront les rapports sur ce champ d’expansion infini. Y a-t-il en Asie rivalité entre la Chine et l’URSS ? Partage en sphères d’influences ? Ou encore collaboration tactique ? Lire la suite
Il y a une différence majeure entre la vision soviétique de l’avenir de l’Asie et la vision chinoise. La vision chinoise, c’est le danger immédiat que l’Union Soviétique fait peser sur elle ; la vision soviétique est plus politique que militaire. L’interprétation soviétique de ce qui se passe en Asie s’inscrit dans le cadre d’une analyse politique générale beaucoup plus que dans le cadre d’une analyse d’un danger militaire immédiat et d’un conflit dont les Soviétiques n’envisagent pas, disent-ils, qu’il puisse éclater entre eux et la Chine. Lire la suite
Après deux exposés consacrés au système politique soviétique, aux faiblesses des institutions et à leur avenir, il convient de réfléchir aux problèmes de la société soviétique. Peut-elle, à un moment donné, se transformer de société passive qui subit toujours en un élément actif du devenir politique de l’Union Soviétique ? Lire la suite
Depuis la tenue du colloque dont les communications figurent ici, le paysage politique russe a connu un nouveau bouleversement qui modifie certaines des remarques présentées lors de notre journée de réflexion. Deux faits constituant le changement méritent mention : l’un était attendu, l’autre fut une surprise. Ce qui était au programme de la vie politique russe en mai 1999 était la procédure de destitution (impeachment, mot fort en vogue désormais en Russie) engagée à la Douma à l’initiative du Parti communiste. Cinq chefs d’accusation pesaient sur le Président russe, dont l’un au moins, la guerre de Tchétchénie, pouvait, pensait-on, recueillir la majorité des deux tiers nécessaire à sa destitution par la Douma, étant entendu que cette condamnation devait ensuite être confirmée par d’autres organismes dont la Cour constitutionnelle et la Chambre haute, ce qui mettait le président à l’abri en dernier ressort ; mais l’effet moral d’un vote positif de la Douma eût pu, néanmoins, être désastreux pour Boris Eltsine, assombrissant sans conteste la fin de son mandat. Lire la suite
Il est incontestable que la Russie est en crise. Elle connaît des turbulences considérables, mais c’est un pays qui existe et joue un rôle international, non seulement en raison du crédit que lui accordent les autres États, mais aussi parce que les Russes estiment que leur pays doit être traité avec considération. Cependant, à Washington on pense que la puissance russe appartient au passé, donc qu’on peut la traiter avec légèreté. L’affaire du Kosovo en est une illustration remarquable. Lire la suite
Le Caucase est sans aucun doute une région d’importance stratégique. Du fait de la présence très importante d’hydrocarbures dans la zone et du problème de l’acheminement de ceux-ci vers l’extérieur. En raison aussi de l’instabilité de la région, où des conflits opposant les trois États de la région (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) existent depuis maintenant deux décennies. Conflits qui existent au sein même de ces trois États, on pense ainsi au Haut-Karabagh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan mais également aux tensions violentes entre la Géorgie et ses provinces d’Ossétie et d’Abkhazie (et dans une moindre mesure avec l’Adjarie). Lire la suite
« La disparition de l’URSS est la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle. » Ce propos de Vladimir Poutine aura été compris hors de son pays comme l’expression d’une nostalgie, voire du regret pour l’Empire disparu. Parfois même comme une allusion à l’action future. Ces interprétations excessives négligent l’essentiel, le désarroi du Président russe devant le nouveau paysage politique, une Russie dévastée, livrée au chaos intérieur et inexistante sur le plan international. En 2017 ce discours appartient au passé. Ce que dit désormais Vladimir Poutine, c’est la confiance que lui inspire le redressement russe, particulièrement sur la scène du monde où le pays a retrouvé son statut de puissance. Lire la suite
La Chine communiste de Mao a très vite eu des ambitions régionales affirmées en Asie. La question alors était autour de la relation ambiguë avec l’URSS, alors la référence mondiale du communisme, entre coopération et rivalité. Le tout sur fond de guerre froide, les États-Unis étant présents dans la région. Lire les premières lignes
La confiance retrouvée de la Russie dans son destin de puissance mondiale est le fruit de la volonté de Vladimir Poutine de redéfinir totalement une politique étrangère normalisée avec ses voisins, moins « européenne » que par le passé et davantage tournée vers l’Asie. Lire les premières lignes
L’implantation soviétique au Moyen-Orient, dont on constate actuellement les effets, est fort récente puisqu’elle n’a débuté qu’après la mort de Staline. Jusqu’alors on ne pouvait imaginer que la politique soviétique put un jour devenir « orientale » par des voies pacifiques. Le manichéisme étroit mis en honneur par Jdanov en 1948 divisait le monde en deux blocs irréductibles sans qu’il y eût place entre eux pour une troisième « voie ». Dès lors la soviétisation du Moyen-Orient ne pouvait se concevoir que par trois moyens : révolution prolétarienne violente ; éclatement des pays de populations pluri-nationales par l’action de minorités dynamiques pro-russes (Kurdes ou Azéris en Iran par exemple) ; enfin occupation militaire par l’Armée Rouge. Or, Staline, et avec lui tous les théoriciens soviétiques, n’ont jamais envisagé sérieusement de telles solutions dont ils pressentaient l’inanité. Ils ne pouvaient faire confiance aux qualités révolutionnaires d’un prolétariat local inorganisé et très limité ; ils savaient aussi que la sensibilité panarabe ou paniranienne s’opposerait toujours efficacement à un séparatisme quel qu’il soit ; enfin ils ne voulaient pas courir le risque d’une troisième guerre mondiale qu’eut inévitablement déclenchée une intervention militaire soviétique. Ces réticences sont pleinement apparues dans le refus soviétique de soutenir en Iran les mouvements séparatistes d’Azerbaïdjan et de Mahabad en 1946, et la révolution Tudéi en 1952. Lire la suite
Le Caucase, région d’importance stratégique ? (T 410)
- Hélène Carrère d'Encausse - 4 pagesEn dépeignant de façon précise la décolonisation progressive de l’espace transcaucasien à la fin de l’empire soviétique, l’auteur dont on connaît l’expertise met en évidence la fonction centrale que lui assigne la politique du Kremlin après la guerre de 2008 dans la réaffirmation de l’autorité russe sur la scène régionale et internationale.
Depuis la tenue du colloque dont les communications figurent ici, le paysage politique russe a connu un nouveau bouleversement qui modifie certaines des remarques présentées lors de notre journée de réflexion. Deux faits constituant le changement méritent mention : l’un était attendu, l’autre fut une surprise. Ce qui était au programme de la vie politique russe en mai 1999 était la procédure de destitution (impeachment, mot fort en vogue désormais en Russie) engagée à la Douma à l’initiative du Parti communiste. Cinq chefs d’accusation pesaient sur le président russe, dont l’un au moins, la guerre de Tchétchénie, pouvait, pensait-on, recueillir la majorité des deux tiers nécessaire à sa destitution par la Douma, étant entendu que cette condamnation devait ensuite être confirmée par d’autres organismes dont la Cour constitutionnelle et la Chambre haute, ce qui mettait le président à l’abri en dernier ressort ; mais l’effet moral d’un vote positif de la Douma eût pu, néanmoins, être désastreux pour Boris Eltsine, assombrissant sans conteste la fin de son mandat. Lire la suite
Il est incontestable que la Russie est en crise. Elle connaît des turbulences considérables, mais c’est un pays qui existe et joue un rôle international, non seulement en raison du crédit que lui accordent les autres États, mais aussi parce que les Russes estiment que leur pays doit être traité avec considération. Cependant, à Washington on pense que la puissance russe appartient au passé, donc qu’on peut la traiter avec légèreté. L’affaire du Kosovo en est une illustration remarquable. Lire la suite
Après deux exposés consacrés au système politique soviétique, aux faiblesses des institutions et à leur avenir, il convient de réfléchir aux problèmes de la société soviétique. Peut-elle, à un moment donné, se transformer de société passive qui subit toujours en un élément actif du devenir politique de l’Union Soviétique ? Lire la suite
Y a-t-il un dessein soviétique continu et cohérent à propos de l'Asie ? Pour l'Union soviétique (URSS), où et à partir de quand commence la déstabilisation ? Comment modifie-t-elle alors sa stratégie ? Quels risques peut-elle prendre pour la réaliser ? Comment sa politique asiatique s'insère-t-elle dans sa politique globale ? Telles sont les questions auxquelles répond l'auteur. Lire les premières lignes
Il est dans l’histoire des peuples et des continents des dates et des années-clés qui sont comme autant de repères dans la confusion des chronologies. Dans le monde des pays sous-développés, il est deux années qui ont profondément marqué leur évolution et resteront gravées dans leur histoire : 1954 et la pénétration de l’U.R.S.S. en Orient, puis 1956 et la pénétration de la Chine en Asie. Le sort de l’Asie est en effet bien troublant en présence des deux grandes puissances communistes dont on peut se demander quels seront les rapports sur ce champ d’expansion infini. Y a-t-il en Asie rivalité entre la Chine et l’U.R.S.S. ? Partage en sphères d’influences ? Ou encore collaboration tactique ? Lire la suite
L’été 1957 a été marqué sur le plan des événements mondiaux par une crise — apparemment fort grave — au sein de l’U.R.S.S. Les commentaires n’ont pas manqué pour l’expliquer. La thèse la plus couramment admise fut celle d’une victoire des « libéraux » sur les « autoritaires », c’est-à-dire d’un début de démocratisation du régime ; elle fut suivie de nombreuses autres thèses toutes plus ou moins optimistes. Lire la suite
L’implantation soviétique au Moyen-Orient, dont on constate actuellement les effets, est fort récente puisqu’elle n’a débuté qu’après la mort de Staline. Jusqu’alors on ne pouvait imaginer que la politique soviétique put un jour devenir « orientale » par des voies pacifiques. Le manichéisme étroit mis en honneur par Jdanov en 1948 divisait le monde en deux blocs irréductibles sans qu’il y eut place entre eux pour une troisième « voie ». Lire la suite
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