La frégate « Belha@rra »® marque une évolution importante dans la conception d’un navire de combat avec des capacités multimissions de premier rang autour d’une architecture de systèmes optimisée, permettant d’améliorer les moyens de traitement de l’information du navire et de l’adapter aux menaces futures.
La frégate « Belha@rra »® pour le programme FTI
The Belharra Frigate for the FTI Programme
The Belharra (or Belha@rra) frigate design is a major development in warship design, with an optimised systems architecture for its first-rate multi-mission capabilities, which allows improved information handling for the ship as well as adaptability to combat future threats.
« Belh@rra »® est la nouvelle frégate de Naval Group développée dans le cadre du contrat des frégates de taille intermédiaire (FTI) avec la Marine nationale et la DGA, contrat de 5 frégates dont la première sera livrée en 2023. À ce titre, elle bénéficie d’une part du retour d’expérience technique des navires précédents de Naval Group : frégates « La Fayette » (FLF) et « Horizon » (HZN), frégates multimissions (Fremm), et d’autre part, du retour d’expérience opérationnelle apporté par la Marine nationale, qui, avec la marine américaine, est de loin la marine la plus présente sur tous les théâtres d’opérations à travers le monde.
Cette frégate de la classe 4 000 t est un navire de combat de premier rang totalement multimissions, capable de faire face aux menaces actuelles les plus modernes et aux menaces futures. Elle est équipée du radar à 4 panneaux fixes de dernière génération de Thales, le Seafire, capable de mettre en œuvre notamment les missiles Aster de MBDA pour la lutte antiaérienne, de missiles MM40B3 de MBDA pour la lutte antinavire et pour la lutte anti-sous-marine, d’une suite sonar complète, sonar de coque et sonar remorqué de Thales, et de la torpille légère MU90 produite par Naval Group. Bien évidemment, tous ces systèmes sont fédérés par le système de direction de combat SETIS, conçu et développé par Naval Group à Ollioules.
La « Belh@rra »® peut embarquer un hélicoptère de la classe 10 tonnes, le NH90 « Caïman » et également en simultané, pour la première fois de façon native, un drone de la classe 700 kg.
Elle est armée par un équipage de 120 personnes environ, avec une capacité de logements de 145 à 165 selon les versions (pour embarquer des forces spéciales ou un état-major) et peut se déplacer à une vitesse maximum comprise entre 27 à 29 nd (selon les versions également).
Pour la première fois dans l’histoire de Naval Group, la « Belh@rra »® a été conçue à la fois pour répondre au besoin de la Marine française, mais également au besoin export, dont cette classe de navires. Outre les versions d’aménagement ou de propulsion que j’ai déjà évoquées, le navire peut être par exemple rallongé grâce à une tranche de section cylindrique, sans impact sur l’aménagement intérieur de la plateforme, pour s’adapter à des demandes complémentaires d’un client (autonomie, matériels, logements).
La « Belh@rra »® est le premier navire de combat numérique conçu par Naval Group, pour répondre aux défis que les nouvelles technologies imposent désormais aux marines modernes. Un navire de combat est équipé de nombreux systèmes : système de direction de combat, de management de la plateforme, de navigation, de communication notamment. Chacun de ces systèmes comporte ses propres calculateurs et réseaux, tous utilisant des technologies civiles sur étagère « COTS » (commercial off-the-shelf). Le rythme d’évolution de ces technologies est extrêmement rapide, trois à cinq ans maximum, ce qui est difficilement compatible avec un navire qui lui, a une durée de vie de trente voire quarante ans.
Naval Group a donc développé une nouvelle architecture informatique qui regroupe l’ensemble des calculateurs de chaque système dans des locaux de type Data Center. Les systèmes y seront virtualisés, c’est-à-dire que l’on a totalement séparé les équipements, calculateurs et serveurs, des logiciels. Cela permet d’une part, de pouvoir remplacer les calculateurs obsolètes très facilement, au rythme d’évolution imposé par les technologies civiles, sans impact sur les logiciels, et d’autre part, de faire évoluer très facilement les logiciels, pour par exemple s’adapter à de nouvelles menaces ou de nouveaux besoins opérationnels, sans toucher aux équipements. Cette architecture permettra également une résilience très améliorée par rapport aux navires actuels et une optimisation de la puissance de calcul accessible pour chaque système.
Ces Data Center posséderont leurs propres servitudes optimisées : alimentation, réfrigération et pourront faire face aux menaces conventionnelles, incendie, voie d’eau et aux menaces militaires : tenue aux chocs, cybermenace. La « Belh@rra »® sera le premier navire à héberger de façon native le nouveau système de traitement de la menace cyber développé par Naval Group, afin de protéger l’ensemble du navire face à ces menaces qui aujourd’hui touchent l’ensemble du monde civil et militaire. Les accès aux systèmes seront également plus faciles à contrôler pour limiter les éventuelles malveillances.
L’un de ces Data Centers sera hébergé dans le PSIM (Panoramic Sensor Intelligence Module), mâture unique qui rassemble la quasi-totalité des senseurs du bord pour leur donner une couverture totalement panoramique, sans être masqués par une autre partie de l’infrastructure du navire. Ce PSIM comprend les senseurs, un Data Center et le Central Opération. Il est construit séparément de la coque, bien plus rapidement donc et permet de pré-intégrer le système de combat bien avant que la plateforme ne soit disponible, générant ainsi un gain de temps très significatif et un dérisquage du système de combat. Le premier équipage du navire peut même commencer son entraînement avant que la plateforme ne navigue. Une fois préintégré, le PSIM est embarqué et les essais d’ensemble peuvent rapidement commencer à la mer. Ce concept a été mis au point par Naval Group avec succès sur la première « Gowind »®, construite à Lorient et livrée il y a quelques semaines à l’Égypte.
Pour faire face à un autre type de menace, malheureusement très présent sur les théâtres d’opérations, la menace asymétrique, Naval Group a numérisé la demi-sphère visuelle autour du navire, pour présenter au commandant une vision panoramique, de jour comme de nuit, du champ visuel proche, autour du navire. Grâce à un système d’aide à la décision réalisé par Naval Group à Ollioules et à l’apport de la « réalité augmentée », le commandant pourra très rapidement prendre les décisions adaptées au traitement d’une menace rapide et fugace, dont la caractéristique première est de se fondre dans l’environnement qui impose un délai de décision extrêmement faible pour être traitée. De plus, l’architecture du navire prend en compte une meilleure répartition des armes de protection rapprochée afin qu’elles couvrent également les 360° autour du navire.
Enfin, la « Belh@rra »® sera le premier navire à héberger de façon native les systèmes d’I-maintenance. Ce système embarqué donnera à l’équipage une vision centralisée et permanente de l’état de l’ensemble des équipements. Cet état pourra être envoyé dans un centre de traitement à terre, qui regroupera les situations de tous les navires de la flotte et grâce à un traitement type « Big Data », pourra en retour fournir aux équipages les moyens d’augmenter de manière significative la disponibilité opérationnelle du navire à la mer, notamment grâce à une maintenance prédictive, mais aussi d’optimiser les coûts d’entretien tout au long du cycle de vie du navire.
* * *
Pour conclure, il y a un peu plus de vingt ans, « DCNS » à l’époque, marquait le marché mondial du navire de combat en livrant à la Marine nationale la première frégate furtive, la FLF. Naval Group va de nouveau marquer le marché mondial avec la première frégate numérique « Belh@rra »®, permettant ainsi d’améliorer considérablement les capacités militaires du navire, notamment en lui permettant de prendre en compte très rapidement les menaces nouvelles, mais aussi de s’adapter plus facilement au rythme imposé par les évolutions technologiques extrêmement rapides des systèmes modernes. ♦