Depuis 2014, l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) attribue des prix scientifiques destinés à récompenser de jeunes docteurs et des étudiants en Master 2. Ces prix s’inscrivent dans une démarche volontaire afin d’accompagner la relève stratégique.
L’IHEDN participe au renouvellement de la pensée stratégique
The IHEDN Contributes to Renewing Strategic Thought
The Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN—The Institute for Advanced Studies in National Defence) has since 2014 awarded scientific prizes aimed at rewarding young doctors and second-year masters students. These prizes are part of the Institute’s desire to support future strategic planning.
Chaque année, au mois de mai, l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) accueille les lauréats des prix scientifiques. Depuis plus de dix ans, près de 50 jeunes auteurs ont été félicités d’avoir contribué directement, par leurs travaux, à l’amélioration des connaissances dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale, de l’analyse des enjeux stratégiques internationaux et de l’étude des autres thématiques d’intérêt pour l’IHEDN. La dimension interministérielle des travaux a toujours été fortement encouragée, notamment dans cette vision large de ce qu’est la défense nationale.
Dans un environnement de sécurité plus complexe, l’accompagnement de ceux qui souhaitent enrichir le savoir et donner un éclaircissement précis sur une zone régionale, une période historique, une pratique politique ou militaire, paraît essentiel. Encourager le monde universitaire et académique à se saisir de ces objets pour les rendre plus lisibles favorise les liens et les synergies entre l’Université et l’administration française. Mieux, par les disciplines très variées qu’elle concerne (essentiellement les sciences humaines et sociales, l’histoire, les sciences politiques et le droit en premier lieu), on y célèbre l’excellence académique du territoire national et l’on autorise une fertilisation croisée entre des univers longtemps séparés.
Le rôle de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), par les bourses qu’elle distribue, doit être souligné et rappelé. Pour l’IHEDN, ce travail se situe en aval avec une sélection difficile de travaux nombreux et de qualité souvent très élevée d’autant que le nouveau règlement, entré en vigueur cette année, n’exigeait pas seulement de partager le mémoire de Master ou la thèse. Il s’agissait de rédiger un article original, en lien avec ce mémoire ou ce doctorat. L’objet de cet article est de mettre sous l’œil du lecteur ce qui n’est pas un résumé mais une présentation évidente de la recherche scientifique en action, ouverte au monde des décideurs et pouvant leur offrir une réflexion actuelle ou pour dire mieux.
Pour le millésime 2022-2023, le jury a récompensé deux thèses et un mémoire de Master.
Dans la catégorie « Thèses », le jury a décidé d’attribuer son prix à Mme Agathe Couderc, étudiante à Sorbonne Université, pour sa thèse sur les coopérations internationales des Chiffres britannique et français pendant la Première Guerre mondiale. Réalisée sous la direction d’Olivier Forcade, cette thèse aborde l’histoire militaire et sociale de la Grande Guerre par une étude comparative entre la France et le Royaume-Uni. Elle touche à un domaine, le renseignement, qu’on a tendance à voir sous le prisme du secret. Cependant, cette thèse lève un peu de ce pan, avec le défi que consiste à partager justement, ce qui est de l’essence même des prérogatives nationales.
Dans la catégorie « Mémoires de master 2 », le jury a décidé de remettre son prix à Mme Claire Caniaux, étudiante à l’Institut national des langues et civilisations orientales, pour son mémoire de langues, de littérature et de civilisations étrangères sur les ambitions spatiales de la Turquie. Réalisé sous la direction d’Alexandre Toumarkine, ce travail d’une très grande qualité met en lumière un nouveau champ de compétition stratégique entre puissances. Premier mémoire soumis par l’Inalco, reposant sur des sources en langue turque, il insiste sur l’émergence d’une culture stratégique dans un domaine, l’espace, qu’on croit trop souvent confisqué par les grandes puissances.
Le jury a décidé d’attribuer son prix spécial à M. Maxime Launay, étudiant à Sorbonne Université, pour sa thèse sur les relations entre la gauche et l’armée française de 1968 à 1985. Réalisé sous la direction d’Olivier Dard, ce travail retrace l’histoire des gauches et l’histoire politique de l’État français après la guerre d’Algérie et Mai 68 à travers l’institution de l’armée. Ce doctorat pose en filigrane la question de l’antimilitarisme, objet à plusieurs facettes, dans une période où les relations à la défense interrogent la capacité des partis de gauche à devenir de véritables partis de gouvernement.
Des thèmes variés, objets politiques, diplomatiques et militaires, qui mettent en exergue la vivacité d’une pensée stratégique originale au sein de l’Université et que favorise cette politique ambitieuse de l’IHEDN. ♦