Cette courte présentation montre qu’au-delà de la technologie et des concepts d’emploi des matériels d’armement terrestre, la réflexion s’infléchit vers les domaines nouveaux de la sécurité.
Préambule - Du plateau de Satory à Eurosatory mondial
From the Satory set to global Eurosatory
In this short exposé, the author shows that, in addition to presentations on technical subjects and operational concepts for army equipment, a conference-based event facilitates dialogue and discussion, especially on new aspects of security.
Le salon d’armement Eurosatory se tiendra cette année, comme depuis 2002 au Parc des expositions de Paris Nord Villepinte, du 15 au 18 juin. Le temps du plateau de Satory où l’Armée de terre française présentait ses matériels en service est bien loin. Tout en restant fidèle à son patronyme, la nouvelle organisation présente d’autres ambitions et s’est fixé d’autres objectifs, tant au plan des présentations de hautes technologies que de la réflexion sur la défense du futur ou le développement à l’international du commerce des équipements de défense et de sécurité.
Eurosatory, organisé par le Commissariat général des expositions et salons (Coges), filiale opérationnelle du Gicat, reste d’abord et avant tout une vitrine commerciale des industriels français et étrangers, rassemblant un nombre inégalé de matériels réels de toutes natures. Il veut également donner accès à tous les marchés mondiaux de défense, appréhender les tendances et les orientations de la défense du futur, faciliter la commercialisation des produits en mettant en relation les acheteurs, les décideurs et les utilisateurs des armées des différents pays.
Cette dynamique de mise en contact des donneurs d’ordres, venant des entreprises, avec des pourvoyeurs de solutions, venant des industries liées à la sécurité, est particulièrement l’objectif d’European Defense and Security Meetings, organisateur des « Rendez-vous d’affaires d’Eurosatory », qui sera présent sur le salon tout au long de la semaine.
Eurosatory se veut aussi, et est de fait, une plateforme où les industries de défense dévoilent leurs dernières productions. Profitant de l’audience internationale acquise par le salon au fil des années, l’ensemble des industriels, qu’ils soient « majors » ou PME-PMI, attendent l’événement pour révéler tant à la presse spécialisée qu’aux clients potentiels leur dernier cri technologique ou plus simplement la concrétisation d’une « idée de terrain », améliorant les conditions de combat ou de vie du soldat. Dans ce domaine, Eurosatory sera cette année marqué par la présentation de robots terrestres et aériens, visant à faire exécuter par des engins sans pilote des tâches dangereuses pour nos hommes (déminage, reconnaissance en zone urbaine) ou des missions de longue durée et à longue distance (surveillance d’itinéraire, reconnaissance aérienne). Ce souci constant du commandement de préserver au mieux l’intégrité de ses soldats se retrouve dans les dispositions opérationnelles du service de santé, qui assure au plus près du combattant le soutien médical. Cette année, la Direction du service de santé des armées présentera une antenne chirurgicale aéroportée (ACA) déployée. Les directeurs des services de santé des principales armées alliées (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne…) seront également présents et confronteront leurs idées au cours d’une conférence et d’ateliers de discussions.
Parce qu’un matériel, quel que soit son niveau technologique, ne vaut que par les hommes qui le servent et le concept de son emploi, Eurosatory a développé depuis plusieurs éditions, et particulièrement en 2010, un pôle de conférences et de réflexion. Cette année, un Forum des opérations terrestres sera animé conjointement par la Direction générale de l’armement (DGA), l’état-major de l’Armée de terre (EMAT), et le Groupement des industries françaises de défense terrestre (Gicat). Y seront notamment débattus, des sujets tels que l’allégement du combattant à pied, les moyens technologiques utilisables pour une « fouille non intrusive des populations », la coordination 3D aux petits échelons tactiques, ou les limites de l’externalisation en Opex. Dans ce même cadre de réflexion et d’amélioration des capacités du combattant, l’entraînement et la simulation seront bien présents, avec également des conférences (combat en zone urbaine, renseignement) et un pôle dédié où les dernières technologies en la matière seront non seulement présentées mais mises en œuvre. En outre, des think tanks, tels que l’Ifri, la FRS et le RUSI britannique, seront également présents et animeront un certain nombre de débats et d’ateliers.
L’évolution majeure d’Eurosatory se situe dans son mouvement vers le domaine de la sécurité. En effet les forces de défense de tous les pays sont de plus en plus amenées à remplir des missions de sécurité publique tant en métropole que dans les théâtres d’opérations extérieurs. Un des exemples les plus marquants reste celui du déploiement international dans les Balkans où nos troupes ont dû faire face à des manifestations de rue, contre lesquelles elles n’étaient ni préparées, ni équipées. C’est tous les jours que nous croisons des patrouilles de nos régiments dans les lieux publics, dans le cadre du plan Vigipirate. En sens inverse, les forces dites de sécurité (Police, Gendarmerie), sont amenées à intervenir à l’extérieur. Il est donc non seulement opportun mais impératif que ce type d’équipement dit « de sécurité » prenne place aux côtés des équipements plus traditionnels des forces armées.
En outre, l’histoire de l’armement fourmille d’exemples de technologies militaires ou développées à des fins de défense, qui ont trouvé une application civile. La tendance ne se réduit pas, bien au contraire. C’est pourquoi Eurosatory a développé son champ de visiteurs vers les entreprises amenées à travailler dans des situations particulières, et présente nombre d’équipements relevant de technologies duales. Dans un continuum défense-sécurité, ces équipements sont utilisables aussi bien par les forces armées ou de sécurité que par des techniciens ou ingénieurs civils, responsables en matière de sécurité des biens et des personnes d’une entreprise, ou encore de la veille technique et écologique de son environnement : moyens de surveillance, de communication et de commandement, de protection, équipements spéciaux ou logistiques pour des chantiers extérieurs, etc.
En dépit de la crise économique qui a frappé de plein fouet certains salons du même genre, Eurosatory 2010 peut afficher dès à présent un meilleur score d’exposants qu’en 2008. Au fil des ans, l’extension à l’international du salon a permis cette année d’attirer plus de 911 exposants étrangers (soit plus des deux tiers des industriels présents), et d’inviter 365 autorités officielles de 108 pays. Preuve s’il en est, de l’importance que le salon a su acquérir et de l’intérêt qu’il représente pour les industriels à l’échelle mondiale, plus de 50 % des présidents directeurs généraux ou directeurs généraux sont présents sur le salon.
Eurosatory 2010 affiche dès maintenant les clés d’un réel succès. Résolument tournée vers l’avenir par la haute technologie exposée, la profondeur des réflexions menées sur le court et le long terme, et la diversité, en nationalités et en centres d’intérêt, de ses exposants et de ses visiteurs, l’édition de cette année devrait contribuer à renforcer la place de nos industriels sur le marché international et à illustrer l’engagement technologique de la France dans les questions de défense et de sécurité. ♦