Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
1er septembre / De Sisteron à Orcières-Merlette : de Napoléon à la Résistance
1er septembre / De Sisteron à Orcières-Merlette : de Napoléon à la Résistance
Montmaur et, en arrière-plan, le plateau de Bure dans les Hautes-Alpes (photo : Aups)
L’Empereur est arrivé à Sisteron le 5 mars au petit matin et s’est peu attardé dans la ville, soucieux de progresser au plus vite vers Gap puis Grenoble. La Route Napoléon bascule dans le Dauphiné vers le Nord.
Dans cette région frontière avec le Piémont puis l’Italie, mais aussi zone de montagne très enclavée, certaines villes sont devenues des places fortes majeures comme Briançon, située à 15 km de la frontière. Les fortifications, dans un environnement grandiose, ont façonné cette position qui a bénéficié de l’art de Vauban (lire Louis Hautecœur, « Vauban : tradition et modernisme », RDN n° 067, février 1950, p. 159-167), mais qui dans les années 1880 a été renforcée pour faire face aux Italiens. Le chemin de fer y est arrivé tardivement en raison de l’ampleur des travaux à effectuer. Veynes, situé sur cette étape du Tour, a été à partir de 1875, une cité cheminote très importante constituant l’étoile de Veynes avec notamment la ligne stratégique vers Briançon inaugurée en 1885, ligne parcourue encore par l’un des derniers trains de nuit de la SNCF (Paris-Briançon).
Le Tour passe devant le château de Montmaur, dans la région du Champsaur et qui a été un des hauts lieux de la Résistance par l’action d’Antoine Mauduit (1902-1945) qui utilisa l’édifice comme centre d’accueil pour les prisonniers et évadés de guerre. Très vite, ce centre a alimenté les maquis. Antoine Mauduit, né au Chesnay (Yvelines), catholique pratiquant, avait été fait prisonnier le 12 juin 1940. Libéré début 1941 comme officier, il s’engagea très vite dans la Résistance, appartenant aux réseaux dits « vichysto-résistants », dont le Réseau Mathilda fournissant du renseignement. Il accueillit à plusieurs reprises François Mitterrand dans ses activités clandestines. Il est arrêté le 29 janvier 1944 et est déporté à Buchenwald puis à Dora. Il meurt d’épuisement en juin 1945 à son retour de déportation.
D’autres actions de la Résistance dans cette région du Champsaur sont à rappeler. En juillet 1944, suite à l’attaque d’un convoi allemand, le village de Laye fut incendié à titre de représailles.
Publié le 01 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi