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3 septembre : Les Cévennes, terre de Camisards et de maquisards
3 septembre : Les Cévennes, terre de Camisards et de maquisards
Résistants en plein sabotage (illustration RDN)
Le rude territoire des Cévennes a été longtemps marqué par les luttes entre les Protestants et le pouvoir royal. Un esprit de résistance a parcouru ces terrains escarpés amenant la royauté à y déployer un dispositif militaire répressif pour surveiller la population. C’est ainsi qu’Alès, capitale des Cévennes, fut assiégée par Richelieu en 1629 et qu’à la Révocation de l’Édit de Nantes en 1688, un fort de type Vauban fut construit non pas pour défendre la ville par rapport à un ennemi extérieur mais bien pour en contrôler les habitants. Complétant le dispositif, les casernes Thoiras furent construites au XVIIIe siècle et abritèrent notamment un bataillon du 40e Régiment d’infanterie (RI).
Deux militaires emblématiques sont nés à Alès et leurs parcours reflètent les drames du XXe siècle. Le général Edgar de Larminat (1895-1962), Compagnon de la Libération, a rejoint les Forces françaises libres du général de Gaulle dès l’été 1940 après avoir été arrêté par les troupes restées fidèles à Vichy qui le condamnât à mort le 10 juillet 1941. En 1945, il eut la tâche difficile de réduire les poches allemandes sur l’Atlantique notamment à Royan. Ayant quitté le service actif en 1956, il fut rappelé à l’activité pour juger les généraux auteurs du putsch à Alger et se suicida pour ne pas avoir à condamner ses anciens compagnons d’armes. Contemporain, l’amiral Gabriel Auphan (1894-1982) fut secrétaire d’État à la Marine à Vichy à partir d’avril 1942. Attentiste face au conflit, il informa cependant régulièrement les autorités américaines. Fidèle de l’amiral Darlan, il démissionna le 18 novembre 1942, considérant qu’il avait échoué à faire partir le Maréchal Pétain vers l’Afrique du Nord pour reprendre le combat (lire sa « correspondance » à propos du débarquement allié en Afrique du Nord). Il fut condamné en 1946 avant d’être réhabilité en 1956.
Anduze, sur le parcours de cette étape, est une ville marquée par le protestantisme. En 1740, sous Louis XV, des casernes y sont construites pour abriter les Dragons, en charge de maintenir l’ordre. En 1823, le temple protestant fut reconstruit par un ingénieur militaire à l’emplacement d’un des quartiers de cavalerie.
Saint Hyppolite du Fort vit la construction en 1688 d’une forteresse par l’ingénieur François Ferry, qui avait œuvré à Alès. Là encore, il s’agissait de surveiller les Protestants. Sous la IIIe République, suite à la Loi de 1884, une École militaire préparatoire destinée à la formation des enfants de troupe y fut édifiée et ouverte en 1886. Elle fut fermée en 1934 avec un transfert à Épinal. Le monument aux morts de la commune construit en 1927 porte 302 noms d’élèves et de cadres morts pendant la Grande Guerre.
Le Mont Aigoual avec ses 1 565 m, entre Gard et Lozère, est au cœur d’un massif qui abrita, outre les Camisards, de nombreux maquisards notamment avec l’instauration du STO. Le Maquis Aigoual-Cévennes, issu de la fusion de trois maquis, a activement contribué à la libération de la région en harcelant les unités allemandes à partir de juillet 1944 qui s’efforçaient de remonter vers le nord. Au 12 juillet 1944, le maquis comprenait 385 hommes pour atteindre un millier de combattants au 10 août. Le 14 août, 270 gendarmes arrivèrent en renfort. Le Gard fut ainsi libéré par les FFI.
Publié le 03 septembre 2020