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5 septembre / Du thermalisme militaire à la guérilla anti-franquiste
5 septembre / Du thermalisme militaire à la guérilla anti-franquiste
La région du Comminges, entre Gascogne et Languedoc, a été très vite appréciée pour les vertus thérapeutiques de ses eaux souterraines. Au XVIIIe siècle, le thermalisme militaire s’institutionnalise pour soigner les soldats malades ou blessés, inspirant par la suite le développement de ce type de traitement aux civils (pour un aperçu du thermalisme au sortir de la Seconde Guerre mondiale, lire Olivier Merlin, « Tourisme et Nation », RDN n° 27, août 1946). La création d’un corps de santé militaire en 1708 (à l’origine de notre Service de santé des armées – SSA) va permettre une organisation favorable au profit de la troupe. La région de Barèges, comprenant Bagnères-de-Luchon, près de l’arrivée va ainsi, dès 1732, voir la construction d’édifices thermaux accueillant les soldats. Au milieu du XIXe siècle, la capacité d’accueil y est entre 300 et 500 places. Dès le XVIIIe siècle, le service de santé prend à sa charge le coût des traitements, les repas étant prélevés sur la solde du patient. Le thermalisme militaire connaîtra une forte extension lors des conquêtes coloniales, les militaires revenant des théâtres ou de séjours se remettant en forme après des périodes souvent difficiles sur le plan sanitaire. À Bagnères-de-Luchon, on peut encore voir la chapelle de l’ancien hôpital militaire des Dominicaines.
À la frontière entre la France et l’Espagne, se situe le Val d’Aran, voie d’accès difficile et qui fut le lieu d’un engagement militaire important en octobre 1944 entre des maquis de Républicains espagnols qui avaient combattu pendant la guerre d’Espagne (1936-1939) et avaient rejoint les Francs-tireurs et partisans (FTP) pour combattre l’occupant nazi. Ces maquisards aguerris par la lutte armée s’étaient regroupés à Foix et Toulouse, haut lieu de l’exil républicain depuis 1939 pour organiser une invasion par le Val d’Aran, en vue de renverser le régime du général Franco. Entre 4 000 et 7 000 combattants se sont réunis pour former la Division 102, avec une certaine complicité des autorités locales françaises peu désireuses de s’impliquer dans ce conflit. L’offensive débuta le 19 octobre mais la résistance des troupes espagnoles bien organisées et également motivées, sans oublier que l’opinion publique espagnole n’était pas prête à un soulèvement, amena à l’échec de cette opération et à un repli des brigades républicaines vers la France. Entretemps, le général de Gaulle avait reconnu le 16 octobre le gouvernement du général Franco et fit désarmer les guérilleros lors de leur retraite. Dès lors, le Parti communiste espagnol changea de stratégie, considérant que la lutte armée était vaine. Autre conséquence, le dispositif militaire espagnol est resté conséquent dans les Pyrénées jusqu’aux années 1970, alors que du côté français, il n’y avait pas de déploiement, hormis la douane pour traquer la contrebande traditionnelle, considérant qu’il n’y avait pas de menace militaire.
Publié le 06 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi