Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
6 septembre : Pau à Laruns / Au cœur de nos armées et près du ciel
6 septembre : Pau à Laruns / Au cœur de nos armées et près du ciel
Bérets militaires Laulhère
Pau, outre Henri IV, a un lien très fort avec notre écosystème de défense, hier comme aujourd’hui. En 1821, la municipalité décide de la construction d’une caserne géante, au point que le chantier va durer cinquante ans à cause des difficultés financières mais aussi de certains choix architecturaux douteux. Au final, la caserne Bernadotte – autre enfant illustre né à Pau en 1763, Maréchal d’Empire puis Roi de Suède et dont la famille règne toujours à Stockholm –, est un bâtiment exceptionnel de 175 m de long, propriété de l’État depuis 1856 et qui abrite, depuis 1961, les archives des personnels militaires avec plus de 35 millions de dossiers conservés. La place de Verdun (autrefois place Napoléon) devant la caserne lui servait de terrain de manœuvre.
Pau, c’est aussi le domaine du plus lourd que l’air. Avec dès 1908, un aérodrome où les frères Wright effectuèrent des démonstrations de vol. L’école de pilotage y est une des plus anciennes au monde. En 1946, l’Armée de terre y installe son école de parachutisme (lire commandant Buchalet, « L'arme aéroportée (I) », RDN n° 23, avril 1946), devenue l’ÉTAP (École des troupes aéroportées) et installée depuis 1963 au camp Aspirant Zirnheld. L’ÉTAP accueille tous les parachutistes des armées et de la gendarmerie tant pour les formations initiales que pour les stages aussi complets que celui de chuteurs opérationnels. Le musée de l’ÉTAP retrace ainsi la légende des troupes aéroportées françaises engagées en opérations depuis plus de 70 ans.
Pau, c’est également, dans le cadre de sa vocation aéronautique, une base historique pour l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) avec 2 régiments d’hélicoptères. Le 5e RHC, créé en 1977, a été fortement sollicité ces dernières années, notamment pour l’opération Barkhane qui a vu la mort notamment en novembre 2019 de 7 de ses membres. Le 5e RHC appartient à la 4e Brigade de combat aéromobile dont l’état-major est installé à Clermont-Ferrand (ville départ le 12 septembre). Un autre régiment de l’Alat est installé à Pau : le 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS), héritier du 4e RHCM (commandement et de manœuvre) venant de la garnison d’Essey-les-Nancy (1985-1999) et spécialisé dans l’aérocombat au profit des forces spéciales.
Avant d’arriver à Laruns, le Tour passe à Oloron-Sainte-Marie. Non loin, le camp d’internement de Gurs fonctionna de 1939 à l’hiver 1945 et dont le mémorial rappelle les heures sombres de la guerre avec l’enfermement des républicains espagnols, des Juifs, des résistants et enfin des collabos. Durant cette période dramatique, Oloron a vu l’installation du tribunal militaire de Bordeaux qui s’était replié dans la petite cité pyrénéenne en juillet 1940. Oloron est aussi la ville de naissance de Monsieur de Tréville (1598-1672), commandant la compagnie des Mousquetaires du Roi et immortalisé par Alexandre Dumas dans Les Trois Mousquetaires. Enfin, l’entreprise Laulhère, fabriquant le célèbre béret basque y a été créée en 1840. En 1889, les chasseurs alpins adoptent le béret comme coiffe (appelée la « Tarte » dans le jargon alpin) et depuis plus de 70 ans, Laulhère est le fournisseur des armées pour le béret, avec notamment le rouge pour les parachutistes, le vert pour les légionnaires et le bleu Alat pour le personnel de cette dernière arme.
Publié le 06 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi