Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
11 septembre / Châtel-Guyon–Puy Mary : entre Limagne et montagnes, entre convalescents et Résistants
11 septembre / Châtel-Guyon–Puy Mary : entre Limagne et montagnes, entre convalescents et Résistants
En novembre 1940, sur ordre du maréchal Pétain, la presse doit annoncer, en gros caractères et sur cinq colonnes, « le châtiment des responsables » présumés de la défaite.
Partant de la plaine de la Limagne, grenier à blé de l’agroalimentaire français, le peloton passe à Riom, siège judiciaire marqué par le procès du même nom entrepris par le régime de Vichy. Ce procès, qui visait à juger les responsables politiques et militaires de la défaite de juin 1940 (parmi lesquels Léon Blum, Édouard Daladier et le général Gamelin), s’est ouvert en février 1942 et est suspendu en avril, tant la défense des intéressés fut efficace et se retourna contre Vichy et le haut commandement. Riom vit aussi l’incarcération du général de Lattre, après novembre 1942, car il avait refusé le désarmement imposé à l’armée de Vichy après l’invasion de la zone libre. Le futur maréchal organisa son évasion en juin 1943, ce qui lui permit de gagner l’Afrique du Nord et reprendre la lutte contre les Allemands (Edmond Delage, « In memoriam - Le Maréchal de Lattre de Tassigny », RDN n° 89, février 1952, p. 195-197).
Après une rude montée vers le plateau des Combrailles, le Tour va passer près de l’ancien camp militaire de la Fontaine du Berger, sur les hauteurs dominant Clermont-Ferrand (étape du lendemain), ouvert en 1874 et qui permettait aux unités de la cité clermontoise de s’entraîner et de tirer. À quelques kilomètres plus à l’ouest, l’austère camp de Bourg-Lastic (à plus de 600 m d’altitude) a reçu à la fin de la guerre d’Algérie, environ 5 000 Harkis, dont la mémoire a été récemment rappelée. Le 7 juillet 1944, la Résistance attaqua un convoi allemand avec succès mais avec des représailles contre la population du bourg.
Au cœur des Volcans d’Auvergne, au pied du Puy de Sancy et aux sources de la Dordogne, Le Mont-Dore et La Bourboule, villes jumelles mais rivales dans le thermalisme ont joué un rôle très important pendant la Première Guerre mondiale en accueillant de très nombreux blessés venant en convalescence dans les hôtels transformés en hôpitaux militaires. C’est ainsi que le capitaine Charles de Gaulle vint se faire soigner de sa blessure au printemps 1915.
Autre épisode moins connu, le service photographique de l’armée de Vichy, qui dépendait du service géographique de l’armée – lui-même se transformant en un organisme civil dont est issu l’actuel Institut géographique national (IGN) –, s’est replié à La Bourboule après novembre 1942. Ce service s’est efforcé de camoufler son matériel et ses archives dans les fermes de la région, notamment près de Murol pour éviter qu’ils soient récupérés par le service de l’information, au service de la propagande du régime.
Bort-les-Orgues a vu au cours du XIXe siècle le développement de l’industrie de la tannerie et de la chapellerie ; l’entreprise Mégemond, aujourd’hui disparue, a fabriqué de nombreux chapeaux dont des chéchias pour les tirailleurs d’Afrique et des chapeaux coloniaux pour les unités déployées en Indochine au début du XXe siècle.
Bien que très enclavée au cœur de la Corrèze, Bort-les-Orgues n’a pas échappé à la violence de l’occupation allemande, avec une rafle le 19 octobre 1943, provoquant l’envoi vers les camps des malheureux otages.
Publié le 11 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi