2e étape - 27 juin 2021 - Perros-Guirec–Mûr-de-Bretagne : Entre mer et terre
Île aux Moines (Erwan Le Cornec/Géos-AEL)
La côte de Granit rose est somptueuse mais sauvage et peu propice aux grandes infrastructures portuaires, mais la vie maritime y a été intense et le reste aujourd’hui avec la pêche côtière et la plaisance. Au large de la Cité des Géraniums – Perros-Guirec – les Sept Îles montent la garde face à la Manche et autrefois face aux incursions anglaises. L’Île aux Moines, la plus grande, possède un fort sur son flanc ouest édifié par un disciple de Vauban, Jean-Simon Garangeau.
L’idée démarra en 1694 et les travaux furent exécutés de 1740 à 1746. Cette côte découpée offrait des abris et a permis ainsi d’établir des réseaux d’exfiltration vers l’Angleterre notamment pour les pilotes alliés abattus sur le territoire français. Au mépris de leur vie, les Bretons mirent sur pied des filières amenant les rescapés vers le rivage et les transportant de nuit vers des vedettes britanniques ou des sous-marins.
Les Allemands pour se protéger construisirent de nombreux blockhaus participant au Mur de l’Atlantique. À Lannion, ils bétonnèrent une piste de 1 400 m sur l’aérodrome pour y déployer la Luftwaffe.
Quartier de Lannion
Lannion après-guerre a participé directement à l’essor des télécommunications avec l’implantation du CNET (Centre national d’études des télécommunications) en 1959 dans les landes sauvages de Pleumeur Bodou. La France avait alors pris beaucoup de retard comme le démontrait le fameux sketch de Fernand Raynaud et son 22 à Asnières. Sous l’impulsion de Pierre Marzin (1905-1994), le développement des laboratoires du CNET et des industries des télécommunications y fut spectaculaire. En 1962, le radôme de Pleumeur Bodou permit d’établir la première liaison satellitaire vers les États-Unis. C’est aussi à Lannion que fut conçu le Minitel.
Vue sur le village de Plouguiel
Longeant la côte, le peloton passera dans les rues de Plouguiel. Cette commune entre les champs et la rivière du Jaudy vit l’installation d’une base d’hydravions durant la Première Guerre mondiale armée en partie par les États-Unis afin de lutter contre les sous-marins allemands. De l’autre côté de la rivière, la cité de Saint-Yves et d’Ernest Renan-Tréguier abrita dans son ancien séminaire un hôpital militaire. Dans son cimetière, un carré militaire regroupe des sépultures de soldats français et alliés mais aussi allemands (85 dépouilles) décédés malgré les soins apportés par les religieuses.
Paimpol, ville de la pêche à la morue dans les eaux froides de Terre-Neuve, a eu pendant longtemps une école d’hydrographie. Le 18 juin, 17 élèves purent embarquer en direction de l’Angleterre et 50 le lendemain, désireux de poursuivre la lutte contre les Allemands. La plupart s’engagèrent dès leur arrivée au Royaume-Uni dans les FNFL (Forces navales françaises libres) et au moins vingt d’entre eux sont devenus officiers sur les navires de la France combattante.
La caserne Charner
Avant de rentrer dans les terres et d’attaquer les côtes amenant à Mûr-de-Bretagne, la course passera par Saint-Brieuc, la préfecture du département des Côtes d’Armor longtemps appelé Côtes du Nord. Et de ce fait, la ville eut une garnison avec notamment la caserne des Ursulines construite en 1625. Désacralisée à la Révolution, elle fut affectée à la troupe et hébergea le 271e Régiment de ligne. L’ancien séminaire, le Guébriand, devient casernement en 1905 après la Loi de séparation. Il est détruit dans les années 1960. La Caserne Charner est construite en 1875 et abritera notamment le 71e Régiment d’infanterie. Désaffectée, elle abrite désormais l’école de musique de la ville mais aussi la DMD 22 (Délégation militaire départementale), seule entité militaire présente sur le département avec le sémaphore de Ploumanach armé par la Marine. ♦
Publié le 27 juin 2021
Jérôme Pellistrandi