3e étape - 28 juin 2021 - Lorient–Pontivy : De Colbert à Napoléon
Jean-François Hue. Vue du port de Lorient (détail) / © Musée de la Compagnie des Indes, Ville de Lorient
Tandis que Brest était dédié à la marine de guerre, Jean-Baptiste Colbert, soucieux des intérêts économiques de la France et donc de sa puissance maritime décida d’installer la Compagnie des Indes orientales sur les rives du Blavet sur un site qui allait devenir Lorient.
Dès 1688, la Marine royale s’y installe et l’arsenal va alors construire de nombreux vaisseaux et cette tradition perdure jusqu’à nos jours, puisque Naval Group, héritier des arsenaux, y assemble les bâtiments de combat comme les Fremm (Frégate multi-missions) dont les deux dernières sont en cours de finition et maintenant les FDI (Frégate de défense et d’intervention) dont la première entrera en service en 2023.
Lorient a été également ville de garnison à partir de 1839 avec une caserne ayant abrité plusieurs régiments dont le 62e Régiment d’infanterie (RI), le 1er Régiment d’infanterie coloniale (RIC) et le 137e RI. La guerre a totalement bouleversé la vie des Lorientais. Les Allemands y construisirent une base sous-marine, aujourd’hui devenue la Cité de la voile Éric Tabarly lui-même ayant été officier de marine autour de la mer. Et l’amiral Dönitz y installa son poste de commandement pour contrôler les missions de U-Boot pendant la bataille de l’Atlantique. De ce fait, la ville ne fut libérée que très tardivement après avoir été assiégée par les forces françaises et américaines à partir du 12 août 1944. Dans la poche de Lorient, environ 25 000 soldats allemands résistèrent jusqu’au bout. La Croix-Rouge put faire évacuer une partie de la population en février 1945 et il fallut attendre le 10 mai 1945 pour que la garnison allemande se rende. La reconstruction de la ville s’étala sur plus de trente ans.
Les Alignements de Carnac
Le peloton se dirigera vers le golfe du Morbihan et après avoir dépassé les fameux alignements mégalithiques de Carnac, traversera la ville d’Auray. Au centre, la Chapelle du Saint-Esprit construite au XIVe siècle devint une caserne au XIXe siècle avant d’être affectée aux pompiers jusqu’en 1984.
Rentrant dans les terres, le Tour va parcourir au nord de Vannes une région fortement par la Résistance et le célèbre maquis de Saint-Marcel qui engagea la lutte contre les troupes allemandes en juin 1944. Dans la nuit du 5 juin, des SAS français (Special Air Service) y furent parachutés dans le cadre du débarquement de Normandie et les combats furent intenses avec un assaut allemand le 18 juin. Les survivants du Maquis continuèrent la lutte et participèrent aux opérations de libération de la Bretagne.
À Locminé, le souvenir de la Résistance y reste prégnant. En avril 1944, une antenne de la Gestapo s’y installa et traqua sans pitié les résistants. Ainsi, 25 des 50 Français exécutés le 13 juillet dans les fossés du fort de Penthièvre, à l’entrée de l’isthme de la presqu’île de Quiberon venaient de Locminé.
Pontivy, Caserne dans le quartier de Clisson ; Éditions Laurent-Nel, Rennes
L’arrivée de l’étape se fera en plein cœur de l’Argoat – la Bretagne du centre – à Pontivy. Cette ville a bénéficié de l’attention particulière de Napoléon de par sa position géographique centrale. L’Empereur en fit une ville de garnison – rebaptisée alors Napoléonville – permettant d’envoyer des troupes protéger les trois grands ports bretons que sont Lorient, Nantes et Brest. Une gigantesque caserne y fut construite de 1805 à 1811 pouvant abriter 600 hommes et 700 chevaux. Parmi les unités qui y stationnèrent figure le 2e Régiment de Chasseurs à cheval de 1886 à 1927. Créé en 1673, le 2e RCC fut finalement dissous en 2009 dans sa dernière garnison de Thierville sur Meuse, près de Verdun.
La caserne Clisson – du nom d’un des compagnons de Jeanne d’Arc – fut affectée à partir de 1945 à la Gendarmerie nationale. Classée aux Monuments historiques, elle va bientôt bénéficier de travaux de rénovation à hauteur de 7,5 millions d’euros. ♦
Publié le 28 juin 2021
Jérôme Pellistrandi