8e étape - 3 juillet 2021 - Oyonnax–Le Grand-Bornand : Au cœur de la Résistance
Henri Romans-Petit, aux Rousses (Haut-Jura) à la libération fin août 1944
Cette journée du 3 juillet sera marquée par le souvenir aigu de la Résistance avec plusieurs épisodes glorieux et douloureux. Le départ d’Oyonnax rappelle le défilé militaire organisé le 11 novembre 1943 à l’insu des autorités de Vichy et de l’occupant nazi. Henri Romans-Petit (1897-1980, Compagnon de la Libération), ancien combattant de la Première Guerre mondiale dans l’aviation, mobilisé en 1939 comme commandant des bases aériennes de Nice et Cannes, prend la tête des maquis de l’Ain fin 1942. L’instauration du STO (Service du travail obligatoire) à partir de septembre 1942 entraîne l’arrivée de nombreux réfractaires et jeunes résistants accueillis et entraînés en vue de l’action militaire. Les membres du maquis vont ainsi défiler en uniforme et armés pour bien symboliser la force militaire qu’ils représentaient. La cérémonie devant le monument aux morts d’Oyonnax eut ainsi un retentissement majeur et Londres prit la mesure du rôle potentiel des maquis pour lutter dans les lignes intérieures contre les unités allemandes. Certes, il y eut des représailles notamment contre le maire d’Oyonnax fusillé par la suite mais le succès de cette cérémonie contribua à renforcer l’esprit de résistance contre Vichy et les Nazis.
Insigne du 27e BCA
Arrivant au cœur de la Haute-Savoie, le peloton passera à quelques kilomètres de la ville d’Annecy. Celle-ci construisit une première caserne dans le quartier de Galbert où s’installa en 1889 le 11e Bataillon de chasseurs à pied (BCP). En 1922, le 27e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) arriva et resta dans la caserne des Fins jusqu’en 1997 où il put s’installer à Cran Gerrin dans un casernement neuf appelé Tom Morel. Le quartier des Fins a été depuis lors démoli. Le 27e BCA est issu du 27e BCP créé en 1871 et a été de tous les conflits et opérations extérieures, de 1914 à nos jours. Maintenu en 1940 dans l’armée d’armistice, il est dissous en novembre 1942 et très vite, ses cadres refusant la soumission, préparèrent un maquis sur le plateau des Glières. Un premier parachutage intervint en mars 1943. Sous le commandement du lieutenant Tom Morel (1915-1944) puis du Capitaine Anjot (1904-1944), tous les deux Saint-Cyriens, le maquis fut attaqué entre février et mars 1944. La résistance acharnée des chasseurs alpins obligea les Allemands à renforcer les troupes de Vichy. Tom Morel fut tué le 9 mars 1944 par un milicien. Ses obsèques sur le plateau firent l’objet d’une cérémonie militaire, tandis que les combats se poursuivirent. Le Plateau des Glières est depuis un des hauts lieux de mémoire et a contribué à la gloire du 27e BCA. Celui-ci fut engagé par la suite en Indochine puis en Algérie avant de revenir définitivement à Annecy. Depuis, il a participé à de très nombreuses opérations extérieures dont Barkhane au Sahel.
L’arrivée a lieu au Grand-Bornand, une magnifique station de montagne où les sports sont rois. Un épisode tragique eut lieu en août 1944 où 98 miliciens ayant choisi de combattre aux côtés des troupes nazies et faits prisonniers furent jugés par une Cour martiale et 76 furent condamnés à mort et fusillés. La violence des miliciens à l’égard des maquis et de la population civile dans la région explique la dureté de la sanction.
Depuis, l’esprit de la Résistance continue à animer la Haute-Savoie et l’attachement de la population au 27e BCA d’Annecy. ♦
Publié le 03 juillet 2021
Jérôme Pellistrandi