Disparition de Jacques Le Gall, héros de la France Libre
Jacques Le Gall
C’est un grand monsieur à la Croix de Lorraine qui nous a discrètement quittés le 30 octobre, ayant passé le centenaire.
Natif d’Audierne, Jacques Le Gall prépare le concours d’entrée à l’École navale. Le 16 juin 1940, devant l’avancée allemande en Bretagne, les épreuves sont annulées en catastrophe. Il n’accepte pas la défaite et refuse de subir le joug de l’envahisseur. Poussé par un élan patriotique qui ne se discute pas, il prend avec lui son frère cadet Alexis et laisse sa mère, veuve, avec ses deux derniers frères. Le 19 juin à Audierne, ils embarquent avec dix-neuf autres jeunes sur le dundee Ar-Zénith, courrier de l’Île de Sein, premier navire civil français à quitter la métropole pour l’Angleterre.
Arrivé à Londres, Jacques Le Gall s’engage le 1er juillet dans les Forces navales françaises libres (FNFL). Il sert successivement sur deux sous-marins : la Minerve jusqu’en février 1944, puis la Doris. La Minerve patrouille le long des côtes de Norvège, dans des conditions difficiles. Elle embarque des commandos qu’il faut ensuite déposer à l’intérieur des fjords, sous une intense pression ennemie navale et aérienne. Le sous-marin subit des grenadages très éprouvants, tapi au fond pendant d’interminables heures.
Schémas du sous-marin d'attaque Minerve (© K.E. Sergeev)
En mars 1945, l’enseigne de vaisseau de 1re classe Jacques Le Gall prend le commandement de la Doris, alors qu’il n’a que 24 ans.
La guerre terminée, il rejoint en 1946 sa famille éprouvée par la maladie et reprend l’affaire familiale des Viviers d’Audierne. Patron de la station d’Audierne de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), il ne ménage pas son courage et porte secours à plusieurs occasions avec ses équipiers à des navires en détresse dans le Raz de Sein.
À la fin des années 1980, il s’installe avec son épouse à Saint-Malo pour se rapprocher de leurs deux enfants. Jacques Le Gall y retrouve également avec un grand plaisir le vieux dundee Ar-Zénith, classé monument historique, et sur lequel il va veiller avec grand soin jusqu’à ses tous derniers jours.
Un grand Monsieur, humble et chaleureux, s’en est allé. ♦
Publié le 05 novembre 2021
Emmanuel Desclèves