Ukraine-Russie : 22 février 2022
Carte des régions ukrainiennes (© Peter Fitzgerald / Wikimedia Commons)
La décision annoncée par Vladimir Poutine, le 21 février, après un long discours rempli d’acrimonie et de critiques à l’égard de l’Ukraine, de l’Otan et de l’Europe, traduit la rupture et donc le divorce entre Moscou et le monde occidental, qui, paradoxalement retrouve une certaine unité après les années de doute du mandat de Donald Trump.
Sur le terrain, la présence désormais avérée des forces russes dans les territoires des républiques autoproclamées du Donbass accroît le risque de confrontation avec l’armée ukrainienne le long de la zone de cessez-le-feu monitorée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et au-delà, sur la frontière entre l’Ukraine et la Russie et se prolongeant en Biélorussie. Cela oblige Kiev à étaler ses forces pour protéger une très longue frontière terrestre facilement franchissable par les unités blindées russes.
La poursuite des accrochages démontre l’absence de volonté de la part des milices pro-russes de calmer le jeu et, bien au contraire, la continuité de la stratégie de tension vis-à-vis de l’Ukraine.
L’annonce des sanctions européennes, puis américaines s’inscrit dans la logique de gestion de cette crise majeure. Ces sanctions sont essentiellement d’ordre financier, dans la mesure où l’Otan admet ne pas vouloir s’engager militairement sur le territoire ukrainien, même s’il y aura un renforcement du dispositif militaire dans les pays baltes et dans les pays limitrophes de la région. Les mesures prévues ciblent essentiellement des individus proches de la sphère décisionnelle du Kremlin et des organismes comme certaines banques russes contribuant à la pression sur Kiev. La difficulté sera également l’impact sur les économies européennes, que ce soit sur la question sensible du prix des hydrocarbures – surtout en période électorale – ou sur certains secteurs travaillant sur les échanges avec la Russie. C’est le cas pour plusieurs entreprises françaises bien implantées à l’Est.
La menace d’une invasion militaire reste réelle, tant les déclarations de Poutine restent martiales et offrent peu d’espace pour la diplomatie. Les jours à venir seront effectivement décisifs, d’autant plus que le dispositif militaire russe reste orienté vers l’offensive. ♦
Publié le 22 février 2022
Jérôme Pellistrandi