Ukraine-Russie : 26 février, 21 h
Invasion russe de l'Ukraine - Février 2022(© Homoatrox, CC0, via Wikimedia Commons)
Mercredi soir, après une journée à courir de plateaux en studios, j’écrivais ces lignes :
La situation actuelle, ce mercredi soir, ne laisse pas entrevoir un début de désengagement et de baisse des tensions. À l’inverse, tout le spectre des moyens, en y incluant des méthodes hybrides de manipulation de l’information, démontre qu’une amplification du conflit semble inéluctable.
Jeudi matin, 4 h 43, mon téléphone vibre : BFM TV m’appelle pour m’apprendre que l’offensive avait commencé et que j’étais attendu pour essayer d’expliquer l’incompréhensible. Le Jeudi 24 février 2022 est un événement de portée historique : un État de premier rang envahit un autre État souverain et indépendant au cœur de l’Europe, à partir d’une réécriture de l’Histoire pour répondre aux ambitions d’un dirigeant se prenant pour le nouveau Tsar de la Nouvelle Russie. Une date historique, au même titre que le 11 septembre 2001 ou le 1er septembre 1939.
En ce samedi soir, après 3 jours de combats, quoiqu’il arrive désormais, la Russie a perdu moralement, même si, tactiquement, les forces russes progressent. L’offensive déclenchée jeudi matin a vu l’engagement de tous les moyens mis en place depuis des mois pour envahir l’Ukraine. Engagées sur plusieurs fronts, les armées russes ont appliqué à la lettre leur doctrine, misant sur des attaques de haute intensité qui visent à saturer les défenses ukrainiennes.
Avec un objectif majeur en théorie à portée des canons russes : la capitale Kiev, symbole de l’État à abattre avec un président à éliminer. Malgré une opération héliportée de grande ampleur sur l’aéroport militaire de Hostanel, les Russes n’ont pas réussi à sécuriser cette plateforme pourtant indispensable pour se saisir de la ville.
Les différentes images et vidéos disponibles montrent des combats acharnés avec de nombreux véhicules blindés détruits – le retex va être très productif – de part et d’autre. Les destructions d’installations militaires, mais aussi civiles, traduisent l’emploi systématique de missiles balistiques et de croisière ainsi que de roquettes pour saturer les cibles, au risque de pertes humaines – risque a priori assumé par le commandement russe.
La guerre médiatique entre les deux camps est massive avec l’incapacité de la Russie à limiter l’impact des images dans l’opinion publique : les files de réfugiés avec leur détresse, les civils ukrainiens participant à l’effort de guerre et le président Zelensky en chef de guerre ringardisent la communication de Moscou malgré les fake news propagées et les cyberattaques. Plus personne n’est dupe de la duplicité de Poutine.
Le président ukrainien incarne donc la résistance de ses concitoyens et démontre pour le moment que la chaîne de commandement fonctionne et permet de bien coordonner les différents fronts et d’avoir ainsi une défense organisée et cohérente, infligeant des pertes supérieures à ce que les Russes envisageaient. Manifestement, Moscou n’a pas réussi à s’emparer rapidement de la Capitale et s’engage alors dans une guerre qui sera plus longue que prévue et dont le coût politique ne cesse de croître d’heure en heure pour Poutine. Celui-ci s’est désormais mis au ban des dirigeants mondiaux – même s’il conserve le soutien de Maduro et de Bachar el Assad – et replonge la Russie au moins soixante-dix ans en arrière, en pleine guerre froide. Triste bilan ! ♦
Publié le 26 février 2022
Jérôme Pellistrandi