Tour de France 2022 12e étape – 14 juillet – Briançon-Alpe d’Huez : des châteaux forts aux hôpitaux
Le Fort des Têtes (© Benj05 / Wikimediacommons)
En ce jour de fête nationale, le peloton partira de Briançon, ancienne place forte protégée de fortifications, aujourd’hui inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Le Fort Dauphin (© Thierry Llansades / Flickr)
L’invasion du Dauphiné, en 1692, par Victor Amédée II de Savoie fit prendre conscience à Vauban de la nécessité de fortifier les Alpes. Il décida d’entourer la place de remparts et de tranchées, ainsi que d’édifier des entrées complexes rendant l’accès extrêmement difficile. Il fortifia également les hauteurs proches pour protéger la ville au mieux, notamment le plateau des Trois Têtes et les Salettes. Les travaux n’ont été entrepris qu’après sa mort, au début du XVIIIe siècle.
Après la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713), Briançon se retrouva en première ligne des attaques ennemies suite à des modifications apportées aux frontières. De nouvelles constructions furent alors entreprises entre 1724 et 1734, sous l’impulsion du marquis d’Asfeld, directeur général des fortifications. Il s’agissait de construire deux lignes de défense supplémentaires. La première était composée de deux sentinelles (le fort des Salettes et le fort Dauphin). La seconde était composée de la ville fortifiée, du fort des Trois Têtes et de celui de Randouillet.
Au XIXe siècle, les constructions furent renforcées, encore plus hautes et plus adaptées aux conflits de l’époque. Cette phase fut la conséquence de la capitulation française à Sedan. Briançon se retrouva sous la menace directe de l’Italie qui constituait, avec l’Allemagne et l’Empire austro-hongrois, la Triple-Alliance. Le système de défense de la ville était devenu désuet face aux nouvelles technologies d’armement. Les services français du génie conçurent une fortification dite polygonale, et entreprirent la construction de six nouveaux forts à altitude élevée. Les forts déjà existants furent quant à eux renforcés et adaptés à l’artillerie. Toute la zone se retrouva ainsi dans un périmètre de tir.
Les édifices militaires étaient donc de plus en plus hauts. Tous les sommets furent équipés de forts qui évoluaient au gré des menaces et des améliorations de l’artillerie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Briançon fut ainsi intégré au sein de la ligne Maginot.
La ville est depuis 1890 le centre du 159e régiment d’infanterie alpine, dit « régiment de la neige ». En 1994, il a été transformé en Centre national d’aguerrissement en montagne destiné à l’entraînement des troupes. Celui-ci fut dissous en 2009 au grand dam des chasseurs alpins ; Briançon abandonna alors son rôle de ville grenier.
La station d’arrivée, l’Alpe d’Huez, n’est pas connue pour ses fortifications militaires. Un hôpital chirurgical à disposition des Forces françaises intérieures (FFI) y fut cependant installé durant la Seconde Guerre mondiale. Il a été dirigé par le Docteur Robert Tissot. La région fut rapidement encerclée par l’ennemi ce qui força l’hôpital à se replier vers le massif des Grandes Rousses. Le corps médical fut séparé en deux groupes pour s’enfuir au plus vite face à l’arrivée des Allemands. Les patients valides se cachèrent dans la forêt, tandis que les blessés les plus gravement touchés partirent le 11 août 1944 avec le personnel.
Dans le même temps, un bombardier américain, le B-24 Liberator comportant onze membres d’équipage s’écrasa dans les Hautes-Alpes. Avec la menace allemande présente dans la région, tous furent affectés à l’hôpital de l’Alpe d’Huez. Leur présence fut par la suite un soutien inconsidéré pour l’évacuation des patients. Grâce à leur aide précieuse, blessés et personnels finirent par rejoindre Grenoble libéré. ♦
Carte du parcours de la 12e étape du Tour de France (© ASO)
Publié le 14 juillet 2022
Jérôme Pellistrandi, Marie Toiron