Avec cet album consacré au Régiment de Marche du Tchad (RMT), les éditions Pierre de Taillac viennent de frapper fort, en renouvelant le genre des albums historiques consacrés aux grandes unités des armées françaises. Tant la qualité iconographique – avec plus de 350 documents – que la rigueur historique des textes traduisent la valeur de ce bel ouvrage. Certes, le sujet le permet aisément. Il n’en demeure pas moins vrai que la réussite de ce livre consacré à un de nos plus prestigieux régiments en appelle désormais d’autres.
Le RMT est indissolublement liée à l’épopée Leclerc lors de la Seconde Guerre mondiale. Issu du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), il est de l’aventure de la France Libre dès l’été 1940 avec un jeune chef ardent d’en découdre avec l’ennemi allemand : le colonel Leclerc. Personne n’a oublié le serment de Koufra où le futur Maréchal se fixe comme objectif la libération de Strasbourg. Grâce aux photos, témoignages et récits, le lecteur verra ainsi le RMT se battre et se transformer progressivement, passant des dromadaires aux blindés américains, lui conférant une force mécanisée à la pointe du progrès militaire, largement employée à partir du débarquement le 1er août 1944 sur les plages de Utah Beach avec la 2e DB. Libération de Paris avec la Nueve – la 9e compagnie formée avec de nombreux anciens Républicains espagnols –, combats âpres dans les Vosges, prise de Strasbourg (accomplissant ainsi son serment), libération de Colmar, puis enfin le nid d’aigle du Führer à Berchtesgaden. C’est bien, à juste titre, que le RMT a été fait Compagnon de la Libération.
L’après-guerre, à l’issue d’un court séjour en Indochine avec son ancien chef, le général Leclerc, est plutôt marqué par les générations successives d’appelés qui vont servir au RMT désormais dédié au combat d’infanterie mécanisée. Stationné à Pontoise au quartier Bossut, il s’installe en 1968 au Sud de Paris à Monthléry où il reçoit les chars AMX 13, puis en 1986, il est équipé avec les AMX 10P.
À partir de 1995, avec la professionnalisation en cours, une nouvelle page s’ouvre pour le RMT avec les Opex. Il va ainsi participer à toutes les opérations conduites par l’Armée de terre : la Bosnie et Sarajevo, le Tchad – berceau historique où le RMT retrouve des vétérans tchadiens –, la Côte d’Ivoire, le Kosovo, le Liban, l’Afghanistan, sans oublier les missions sur le territoire national comme Vigipirate.
Durant toutes ces années très riches sur le plan opérationnel, le régiment a également déménagé, dans le cadre des restructurations de la carte militaire. En 1997, il aménage à Noyon qu’il quitte en 2010 pour rejoindre l’ancienne base aérienne de Colmar Meyenheim où une autre unité prestigieuse, issue également de la France Libre, l’escadron de chasse Normandie-Niemen venait d’être temporairement dissout. À Colmar, le RMT se retrouve désormais à quelques dizaines de kilomètres de l’emblématique Strasbourg si chère au Maréchal Leclerc.
Aujourd’hui, doté du VBCI et du système Félin, équipements en pointe pour le combat de l’infanterie, le RMT s’inscrit bien dans l’esprit de ses premiers soldats ayant fait le choix de servir la France Libre.
Un bel ouvrage pour un beau régiment !