L’originalité de l’ouvrage réside dans ses sources, aussi bien bibliographiques que d’entretiens menés en majorité avec des militaires. C’est une véritable enquête à laquelle s’est livrée l’auteure. Il en résulte un tableau des forces armées françaises, principalement de l’Armée de terre, au début du XXIe siècle. Ce tableau, ainsi que l’annonce le titre, n’incline pas à l’optimisme.
Partant d’une embuscade dans laquelle est tombé un élément français le 18 août 2008 en Afghanistan, l’auteure analyse l’action des forces françaises sur le terrain afghan et s’interroge sur le sentiment que peuvent avoir les militaires de leur implication dans cette guerre. Elle souligne, qu’au-delà du discours officiel et circonstanciel, le bien-fondé du conflit ne peut apparaître positivement, lorsque le Président des États-Unis, chef des armées de son pays et autorité de tutelle suprême dans les opérations conduites en Afghanistan, déclare opérer le retrait des forces du pays. La date de ce retrait peut être mise en question mais il y a bien retrait. Quelle est alors l’opportunité de cette guerre ? L’auteure passe alors du particulier au général pour s’intéresser à l’ensemble des forces armées, à leur capacité de combat, à leur éthique et à leur moral.
Le tableau des relations entre la nation et son armée n’est guère réjouissant. Très simplement, la nation ignore son armée. Le passage à une armée professionnelle ou de métier, la terminologie est au choix du vocabulaire, est une cause première de l’ignorance de la population vis-à-vis de son armée, qui, par ailleurs, est l’éternelle parente pauvre du budget. Le soldat reste le gardien de l’honneur de la nation qui persiste à l’ignorer, sauf lorsque brutalement éclate un incident mortel, tel que l’embuscade d’Uzbin. La situation, ainsi qu’elle se révèle en ce début du XXIe siècle, n’est pas tenable. Faute d’un retour à une armée de conscription aménagée, des pistes sont évoquées : une garde nationale, une réserve reconstruite…
Par des arguments, le lecteur ressent toute l’émotion qui a conduit l’auteure dans l’écriture de son ouvrage. La langue utilisée est parfaite, simple mais précise, sans que jamais l’expression ne verse dans la sensiblerie. L’ouvrage risque de ne pas apprendre grand chose aux militaires. Or, très nettement, il n’est pas écrit à leur destination. L’essai vise un public non versé dans les affaires militaires qui cherche à s’éclairer.