Yann Kermadec (François Cluzet) voit son rêve se réaliser quand il remplace au pied levé, son ami Franck Drevil (Guillaume Canet), au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Habité par une farouche volonté de gagner et de défier tous les pronostics, la découverte à son bord d'un jeune passager (Samir Seghir), alors qu'il est en pleine course, va tout remettre en cause.
En réalité, ils sont quatre à se partager l'affiche de ce premier long métrage de Christophe Offenstein : François Cluzet, excellent en marin aguerri, Samir Seghir (Neuilly sa mère !), le passager clandestin, le DCNS, petit bijou d'ingénierie navale et high-tech, et enfin, omniprésente, la mer. La musique est d'ailleurs épurée au maximum pour lui laisser le plus de place, renforçant ainsi l'immersion.
Les images de course sont plutôt rares sur nos écrans : des départs, quelques plans larges en course ou de rares visioconférences, le plus souvent des coques renversées et des arrivées au fumigène mais pas beaucoup plus. Dès lors, on savoure cette plongée dans le quotidien de la course aux côtés de François Cluzet, crédible en skipper. Mais c'est la vitesse qui impressionne le plus : elle grise tout autant qu'elle effraie. En mer, tout va vite, très vite. Et pour un novice très terre à terre, comment peut-on trouver sereinement le sommeil alors que son bateau file dans l'écume ? C'est d'ailleurs l'un des enjeux les plus importants pour les navigateurs souligné par un concurrent (Jean-Paul Roove) : « Le vrai marin, c'est celui qui dort avant que la fatigue ne le rattrape ». Arriver est déjà une victoire. Pour franchir la ligne en premier, il faut tout autant faire les meilleurs choix tactiques (principalement la route empruntée) que prévenir et gérer les avaries ou les aléas. Ce film nous rappelle que la mer – en général et la course en particulier –, c'est avant tout une aventure humaine, une affaire d'hommes et de femmes, une histoire de valeurs où humilité et solidarité priment sur l'esprit de compétition.
On y retrouve aussi esprit de conquête et exigence ainsi que confiance et respect, quatre valeurs phares de DCNS. Son engagement en tant que partenaire dans cette aventure cinématographique exprime l'identité du groupe (une longue réflexion en interne a été menée l'an passé sur cet aspect) et son essence (mer, performance, développement durable…). Gaumont a ainsi acquis le DCNS 1000, un monocoque de 60 pieds construit en 2008 dans le cadre des Filières du Talent. Ce programme de transmission du savoir du groupe naval est défini autour d’un volet social (intégration professionnelle) et d'un volet sportif dans le domaine de la voile. Ainsi, en 2010, un jeune skipper, Christopher Pratt, a pu, à l’issue d’un apprentissage de 2 ans auprès de Marc Thiercelin, réaliser à la barre de ce monocoque sa première course océanique en solitaire, lors de la Route du Rhum. Marc Thiercelin avait également pris le départ du Vendée Globe 2008 avant d'abandonner après avoir démâté. Pour DCNS, les objectifs sont multiples : rassembler ses équipes (coulisses du tournage, avant-premières réservées) se faire connaître du grand public et soigner son image mais aussi développer sa notoriété auprès des écoles d'ingénieur pour attirer ses chercheurs de demain. Le film se vendant bien à l'export, les retombées seront aussi internationales. Belle opération marketing pour DCNS qui s'affiche en grand tout au long du film : pas de course sans sponsors, une problématique loin d'être inconnue des skippers.
Par ailleurs, on imagine assez facilement l'importance du défi technique qu'a représenté ce tournage (octobre-décembre 2012 au large de Lorient et aux Canaries) dans des conditions aussi exceptionnelles : entre 16 et 18 personnes à bord ! 3 marins en charge du navire, les acteurs, le réalisateur et son équipe technique. Au final, pas besoin d'avoir du sel dans les veines, pour plonger dans cette aventure sans surprise.