L’auteur, dont c’est le 7e ouvrage chez cet éditeur, est familier des combats en Afrique. C’est moins l’ancien Chef d’état-major de l’Armée de l’air qui s’exprime dans ce petit ouvrage précis et très renseigné que le chroniqueur des engagements militaires de la France en Afrique au cours des 40 dernières années. C’est aussi l’analyste qui s’interroge sur les nombreuses « erreurs de jugement » qu’il identifie et qui dénonce le « jeu de poker menteur » au cours de cette période.
En quinze chapitres ramassés, le général Fleury remonte le fil des engagements pour commencer par l’opération Lamantin en 1977 lancée pour contrer les opérations du Polisario. Puis défilent les opérations au Tchad, « théâtre perpétuel d’affrontements », la question de l’Afghanistan et son lien avec le Sahel, pour déboucher sur l’apparition d’AQMI dans le sillage des groupes terroristes algériens. Suit une analyse du terrain, le Mali et Niger, et de ses occupants sahéliens, les Touareg. Après les leçons militaires d’Afghanistan et de Libye, on présente la dynamique de la crise malienne qui conduit à l’année 2012, « l’année de l’hypocrisie », comme le note l’auteur. Sont pointés tous les acteurs, dont l’ONU, qui sont incapables de prendre la mesure et de corriger le phénomène crisogène qui s’amplifie. Les chapitres XI à XIV sont consacrés ensuite à l’exposé minutieux et quasi clinique des opérations, sans oublier l’épisode algérien d’In Amenas. Cet ouvrage se conclut sur une série d’interrogations sur la capacité du Mali à se repenser et se réorganiser après cette épreuve mais aussi sur la détermination internationale, sur l’engagement militaire de la France et sur les moyens militaires qu’elle entretient pour défendre ses intérêts et assumer ses responsabilités africaines. Le regard que porte l’auteur n’est là ni confiant, ni complaisant.
Bien composé, plaisant à lire, assorti d’un appareillage soigné de notes, sigles, cartes et index, ce récapitulatif à la fois informatif et réfléchi donne des clés utiles pour la compréhension des actuelles tensions saharo-sahéliennes.