Lorsque les Alliés débarquent le 6 juin sur les plages de Normandie, leur programmation tactique prévoyait une progression rapide vers l’intérieur des terres. Or, malgré les succès initiaux sur les plages et le sacrifice des unités aéroportées, le déroulement des opérations fut chaotique en raison de la résistance acharnée des troupes allemandes en dépit des erreurs de commandement imposées par Hitler lui-même, refusant d’admettre que la Normandie constituait le front principal et donc d’envoyer sans délais les unités blindées qui auraient pu rejeter à la mer les Alliés.
Christophe Prime, historien rattaché au Mémorial de Caen, propose à travers ce livre de retracer ces semaines de combat de haute intensité où les deux camps déployèrent des efforts désespérés pour débloquer la situation tactique.
L’un des premiers enjeux, entre la saisie de Caen à la charge des Britanniques était de conquérir le port de Cherbourg, élément indispensable pour la logistique alliée pour renforcer les capacités portuaires limitées aux deux Mulberries artificiels construits à Arromanches et à Omaha. Or, si d’une part, la capacité de celui-ci fut plus longue que prévue – les troupes allemandes ne se rendant que le 25 juin, les installations portuaires avaient largement été endommagées, retardant de fait son utilisation pour le ravitaillement. Par chance, le port artificiel d’Arromanches et l’emploi de la capacité d’échouage des LST permirent d’amener à terre les hommes, les armements et les tonnes de vivres et de munitions nécessaires pour alimenter le front englué dans les marécages et le bocage normand.
Ce bocage constitue la clé de cette bataille car il va constituer un piège majeur pour l’infanterie et les blindés américains. Les soldats allemands, très souvent plus aguerris par les combats en Russie notamment, surent mener un combat défensif très meurtrier pour leur adversaire, utilisant toutes les ressources offertes par la campagne normande quasi impénétrable. L’âpreté des engagements est ainsi très bien restitué et permet de comprendre pourquoi les pertes furent si élevées de part et d’autre pour des gains de terrain parfois dérisoires.
Ce n’est que le 25 juillet que la ligne de front allemande est définitivement percée avec le déclenchement de l’opération Cobra, sous la conduite du fougueux général Patton. La percée américaine en direction d’Avranches va débloquer la situation tactique de manière irréversible, malgré la contre-offensive allemande à partir de Mortain Dès lors, les troupes alliées, y compris françaises, purent progresser à grande vitesse tant vers l’Ouest que vers Paris. La bataille de Normandie avait ainsi duré 71 jours.
On peut cependant regretter qu’il n’y ait pas eu plus de cartes pour accompagner le lecteur dans l’enchevêtrement complexe tant des unités que des lieux sur le terrain. En effet, la lecture en devient difficile et prête parfois à confusion. On aurait pu également avoir quelques informations sur le rôle –ou non- de la Résistance dans l’accompagnement des unités alliées, ainsi que sur la vie de la population normande au milieu des combats et comment fonctionnèrent les administrations locales pour subvenir tant bien que mal aux besoins des civils.
Ce livre reste cependant très intéressant pour les passionnés d’histoire-bataille et rappelle ainsi que la Normandie fut un des hauts lieux de la Seconde Guerre mondiale et donc un lieu de Mémoire essentiel, en particulier pour les Alliés.