En février 1920, en application du traité de Versailles, une force internationale, articulée autour d’une division française renforcée de contingents italiens et britanniques, est déployée en Haute-Silésie pour préparer le plébiscite qui doit permettre à la population de choisir, entre l'Allemagne et la Pologne, son pays de rattachement. La région qui couvre la valeur de deux départements français est peuplée de deux millions d’habitants. Enjeu à forte connotation nationaliste, son bassin minier représente aussi un enjeu économique important pour ces deux pays ruinés par la guerre.
Placées dans un environnement urbanisé, les troupes alliées, jusqu’à 18 000 hommes, sont numériquement surclassées. Elles sont confrontées aux combats de grande ampleur qui opposent quelque 100 000 insurgés polonais et irréguliers allemands entre mai et juin 1921. Elles parviennent pourtant à imposer, avec les équipements réglementaires dont elles disposent, une zone démilitarisée progressivement étendue à l'ensemble de la province, avant la partition du 18 juin 1922.
Malgré la crise diplomatique majeure qui oppose Paris, Londres (pour le Daily Express la France et la Grande-Bretagne en sont revenues aux plus mauvais jours de Fachoda), les soldats alliés doivent à la fois assurer la sécurité et l'ordre public, rechercher les milices et les caches d'armes, se préserver des attentats, tout en garantissant la sincérité des opérations électorales. Ils apportent aussi aide et assistance à une population qui, dans sa partie allemande, leur est manifestement hostile. Commandés sévèrement par leurs officiers, les soldats comme les cadres (121 officiers et soldats trouveront la mort) adhèrent difficilement aux règles d’emploi imposées (« Nous faisons ici un métier consistant à recevoir des coups et à ne pas en donner. »).
L’extrême complexité juridique et opérationnelle qui encadre strictement l’action de la force multinationale, le souci d’en limiter le coût humain et financier, comme de ne pas alerter une opinion publique qui sort exténuée de la Grande Guerre, ne facilitent pas les opérations. Au-delà des divergences franco-britanniques, le manque de confiance, somme toute classique, entre l’ambassadeur en poste à Varsovie et le chef de la mission militaire tend par-dessus le marché à décrédibiliser les généraux responsables auprès des autorités nationales.
On l’a bien compris, l’étude bien construite et approfondie du lieutenant-colonel Porte rappelle, à qui veut se donner la peine d’examiner les faits, la grande similitude de cette opération avec les affaires en cours. Comme quoi, malgré les tapageuses réclames sur les « novelletés » inouïes du jour, Nihil novi sub sole à qui veut bien se pencher sur les écritures.