Cet ouvrage de Ian Bremmer, président et fondateur du think tank Eurasia Group, intervient dans une période charnière pour la politique étrangère américaine. Avec l’approche des élections présidentielles en 2016, l’auteur souligne que, depuis 25 ans, la politique étrangère des États-Unis est en grande partie incompréhensible car manquant d’une stratégie directrice : l’hyperpuissance d’alors a affronté les événements sans réel plan d’ensemble, s’engouffrant successivement dans deux guerres, drainant autant de forces productives que de capitaux qui auraient pu être utilisés différemment, coûtant autant de prestige international que de stabilité interne.
S’offrent donc trois choix pour des États-Unis affaiblis qui restent la seule superpuissance mais qui voient aussi poindre de nouveaux rivaux :
- une Amérique indépendante de ses alliés qui se concentre sur ses problèmes internes pour bâtir une base réellement solide, tant au niveau de l’infrastructure que du système éducatif à partir de laquelle faire rayonner sa puissance ;
- une autre possibilité serait des États-Unis se comportant comme toute autre puissance prenant en compte ses forces et ses faiblesses, saisissant toutes les opportunités et défendant ses intérêts, clairement définis, lorsque cela est nécessaire ;
- enfin, des États-Unis qui se lancent à corps perdu dans leur rôle de gendarme du monde, assurant sa stabilité et exportant par tous les moyens possibles les valeurs américaines dans le même temps.
Le livre se veut aussi très didactique proposant de partir d’un questionnaire au demeurant fort simple (10 questions, 3 réponses pour chacune), mais cela pointe le principal problème de celui-ci, bien que l’auteur le précise : il s’adresse en premier lieu aux Étatsuniens, voulant attirer l’attention sur leur politique étrangère, sa place dans le débat étant (selon l’auteur) ignorée, et ensuite aux étrangers.
Ce livre souligne assez largement les forces et les faiblesses des États-Unis mais est plus encore symptomatique de la réflexion actuelle autour de son rôle. Si le thème du déclin de la superpuissance a souvent été abordé dans la littérature géopolitique contemporaine, cet ouvrage a le mérite de poser des questions sur les priorités et notamment « Comment les États-Unis se percevront eux-mêmes dans le futur ? » et « Comment seront-ils perçus à l’international ? ». La réflexion qui entoure le propos est tout autant construite qu’argumentée, chaque point étant largement étudié selon divers aspects. La question « Comment en sortiront les États-Unis mais surtout le monde » se pose donc pour chaque choix, donnant lieu à nombre d’inconnues.