À l’occasion du 70e anniversaire de l’emploi de l’arme nucléaire contre le Japon et donc de la capitulation de l’Empire du Soleil Levant, Philippe Wodka-Gallien, passionné des questions de défense et de dissuasion nous propose un nouvel ouvrage abondamment illustré avec 150 photos sur ce que furent les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et sur leurs conséquences non seulement immédiates, mais ultérieures, notamment avec la guerre froide.
Le principal intérêt de ce livre est dans l’abondance des informations permettant de comprendre le cheminement scientifique, technique, militaire et politique qui aboutit à la décision du président Truman de lancer ces premières bombes dans le but d’achever une guerre qui n’avait que trop durée. Certes, c’est bien en Europe, avant-guerre, que la théorie de l’arme atomique a été développée et les scientifiques français y ont largement contribué, mais ce sont bien les États-Unis qui surent, avec le projet Manhattan conduit dans le plus grand secret, passer de la théorie à la fabrication de la bombe grâce à la mobilisation de toutes les capacités scientifiques et industrielles, appuyée par la volonté de réussir, afin de battre un ennemi qui avait décidé de la guerre totale. Les documents qui accompagnent le texte sont d’ailleurs significatifs de cet effort sans précédent, relayé par le dynamisme américain sûr de son fait dans ce combat des valeurs.
Un autre aspect rarement étudié est celui du volet aérien autour du bombardier B29. C’est bien la complémentarité porteur-bombe qui a permis le succès des frappes nucléaires. D’emblée, cet avion, bien que non conçu spécifiquement pour ce type de bombe, était bien adapté à ce genre de mission au demeurant complexe, en raison de la précision demandée pour le largage et du processus d’armement de la munition avant le tir. Le B52, qui lui a succédé pour ces missions, vole toujours d’ailleurs et le fera jusqu’en 2040.
Si la partie consacrée à la postérité d’Hiroshima avec la dissuasion nucléaire est plus connue des lecteurs de la RDN, il faut souligner ici la dernière partie consacrée à la culture et au tourisme du nucléaire, notamment dans le cinéma et la littérature, avec de nombreuses références y compris françaises. Hollywood y a puisé de nombreux scénarios, sans parler des James Bond où le nucléaire tient une grande place. On aurait pu y rajouter la bande dessinée avec Tintin ou encore Black et Mortimer, sans oublier Buck Danny.
Un ouvrage qui viendra agréablement compléter une bibliothèque stratégique et qui rappelle qu’il est impossible de « désinventer » le nucléaire.