Alors que Dassault fête son premier centenaire avec la création de l’hélice Éclair équipant les avions français et britanniques à partir de l’été 1916, et que le Rafale a commencé à voler sous des cocardes étrangères, trente ans après le premier vol du démonstrateur Rafale A et quinze ans après son entrée en service dans l’Aéronavale, il n’est pas inutile de retracer le parcours des avions de combat issus des bureaux d’études de Saint-Cloud.
André Bréand, journaliste spécialisé dans l’aéronautique, nous propose ici de rappeler avec passion la formidable aventure du Mirage F 1, puis du Mirage 2000 et enfin du Super Mirage 4000. C’est aussi relire l’histoire aéronautique française des décennies 1970-1980-1990, sans oublier que le Mirage 2000 devrait voler dans l’Armée de l’air française jusqu’en 2030. Après le succès majeur du Mirage III, développé à la fin des années 1950, Dassault a très vite lancé le projet d’un nouvel avion, le Mirage F1, qui a effectué son premier vol en 1966 et dont les missions étaient initialement l’interception et l’attaque au sol. Le F1, dans ses nombreuses versions, a été de toutes les opérations conduites par l’Armée de l’air et a démontré ses belles qualités de 1973 à 2014 lorsqu’il fut retiré du service en France. Avec une iconographie abondante, l’auteur fait preuve d’exhaustivité avec même des informations sur le projet du F1 Marine ou encore l’intérêt porté à l’avion par la Luftwaffe mais aussi par Boeing. L’Aéronavale voulait déjà remplacer ses Crusader et ses Étendard. Le projet avorta en raison du coût de développement ; ce fut le Super Étendard modernisé qui fut retenu. Il y eut aussi le « contrat du siècle » avec le F1E remotorisé avec le réacteur M53 et qui ne fut pas retenu, au profit du F16 américain.
Le deuxième avion étudié est le Mirage 2000 dont l’origine commence en 1972 avec l’ACF (avion de combat futur) qui est abandonné en 1975, au profit d’un avion plus léger et mono-réacteur, donc moins cher. Le Mirage 2000, mono-réacteur équipé du M53 et doté de commandes de vol électriques effectua son premier vol en mars 1978. Le lancement de la production a eu lieu en 1981 et l’appareil entra en service en 1983. Lui aussi connaît de nombreuses versions dont le 2000N destiné à mettre en œuvre le missile à tête nucléaire ASMP (air-sol moyenne portée) et dont le développement débuta en 1978. Même si la production du Mirage 2000 s’est achevée en 2006 avec 612 appareils assemblés, celui-ci fait toujours l’objet de modernisation tant pour les appareils français que pour ceux vendus à l’export. Ainsi, le Mirage 2000C – le plus ancien – devrait être prolongé jusqu’en 2018. Les modèles suivants voleront jusqu’en 2030, dépassant ainsi la quarantaine, ce cap devenant la norme pour les avions de combat actuels.
Le dernier appareil présenté a été unique et sans descendance directe puisqu’il s’agit du Super Mirage 4000 développé sur fonds propres par Dassault et dont la cible était l’exportation avec deux pays intéressés en leur temps, l’Iran et l’Arabie saoudite. Cet appareil de la classe des 20 tonnes, monoplace et biréacteur était très innovant, s’inscrivant dans la suite du Mirage 2000, mais en l’absence de commandes françaises, le programme n’a pas pu être poursuivi. Il effectua son premier vol en 1979. Cependant, avec près de 300 vols, il a contribué ultérieurement au développement du Rafale de 1987 à 1991.
Cette ouvrage présente l’excellence des ailes françaises autour de la famille Mirage, avec ses succès, mais aussi ses échecs dans la compétition internationale. En filigrane apparaît également que l’industrie de défense ne s’improvise pas et que les succès d’aujourd’hui sont le résultat des projets lancés il y a déjà trente ans comme pour le Rafale. Les efforts consentis nécessitent de la patience et s’inscrivent dans la durée, à l’image du centenaire de Dassault.