Les albums consacrés à nos régiments et bataillons sont toujours riches d’enseignement et permettent de consolider l’« esprit de corps » à travers un indispensable travail de mémoire. À cet égard, l’ouvrage consacré au 27e BCA en est une remarquable illustration et retrace non seulement l’histoire d’une grande unité, mais aussi une part de notre Histoire.
Le bataillon a été créé après la défaite de 1871 contre la Prusse, lorsque la France réarme face à la menace allemande et à très vite était engagé en Algérie puis en Tunisie, avant de connaître la vie de garnison à Menton, au pied des Alpes. Très vite, cette dimension « Montagne » va caractériser le 27° BCA et lui donner cette double culture de fantassins-chasseurs et d’alpins qu’il va mettre en œuvre dès l’été 1914. La Grande Guerre est une épreuve pour le bataillon qui va, notamment, se battre en Alsace, au Linge, puis sur la Somme et le Chemin des Dames, faisant preuve de son aptitude à se battre dans des terrains difficiles.
À l’issue de la guerre, le bataillon est déployé au Maroc où il participe à la guerre du Rif (1925-1926), conflit méconnu mais aux combats âpres en zone montagneuse.
Mais c’est bien la Seconde Guerre mondiale qui va donner ses lettres de noblesse au 27 avec le refus permanent de la capitulation face à l’Allemagne nazie, que ce soit lors de la campagne de France au printemps 1940 avec un repli en bon ordre de l’Aisne jusqu’à la Creuse, mais aussi avec les combats à la frontière franco-italienne en juin, puis durant la période de l’armée d’armistice où le mot d’ordre au bataillon est de préparer la revanche. Revanche qui va être effective lorsque le 27 passe dans la clandestinité à la suite de l’invasion de la « zone libre » en novembre 1942 et la dissolution de l’armée de Vichy.
Des pages glorieuses mais douloureuses vont alors être écrites, aux Glières de janvier à mars 1944 notamment avec héros comme Tom Morel (1915-1944) lâchement abattu par un collabo, ou encore Jean Valette d’Osia (1898-2000) qui commanda, organisa et insuffla l’esprit de résistance tout au long de la guerre.
À l’issue, ce fut une brève période comme troupe d’occupation en Autriche puis la guerre d’Algérie de 1955 à 1962 avec une autre forme de combat, cherchant à gagner la confiance de la population pour la séparer des combattants du FLN.
La dernière période débute en 1963 avec le retour définitif en France de la mise en valeur des compétences du combat en montagne à partir d’Annecy, la garnison historique. Le 27 est une des grandes unités de la 29 Brigade alpine créée en 1963 et qui se transforme en 27° division alpine en 1976.
Dans un contexte de guerre froide et de conscription, la montagne offre de fait un espace d’entraînement et de manœuvre plus attirant que les mornes camps de Champagne. Le 27 bénéficie ainsi d’appelés très volontaires et attirés par le milieu « montagne » exigeant été comme hiver, mais si riche humainement.
Une nouvelle étape s’ouvre en 1983 avec la première projection d’un détachement en opération extérieure au Liban. Vingt ans après la Guerre d’Algérie, les unités de l’Armée de terre, dont le 27° BCA, vont peu à peu découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles exigences opérationnelles qui vont s’accentuer à partir du choix de la professionnalisation fait en 1996. En 1993, l’ex-Yougoslavie va ainsi voir plusieurs détachements du 27 participer aux opérations conduites par la FORPRONU.
Dès lors, le 27° BCA va être régulièrement engagé sur toutes les Opex, en particulier en Afghanistan, où la culture « Montagne » développée depuis la base arrière d’Annecy constitue un atout majeur, dans la région de la Kapisa.
Cet album régimentaire est bien à l’image d’excellence du 27 retraçant non seulement une histoire avec ses héros et ses drames mais démontrant que les qualités développées par les chasseurs hier sont toujours présentes aujourd’hui, démontrant que le 27 sera toujours fidèle à sa réputation.