Après des années de rétention de l’information, les données sur la défense chinoise commencent à circuler et permettent d’améliorer la connaissance de l’armée populaire de libération et de la plupart de composantes. L’analyse de l’ordre de bataille et des moyens aériens est désormais possible, même si de nombreux obstacles subsistent, la plupart venant des autorités chinoises elles-mêmes, malgré un discours censé promouvoir une plus grande transparence.
Cela nécessite de croiser de nombreuses sources afin de valider les renseignements recueillis. Le document ainsi publié est donc particulièrement pertinent et apporte une information ouverte sur la puissance aérienne chinoise dans son contexte régional où les tensions s’exacerbent dangereusement autour des revendications chinoises en mer de Chine.
Il ressort une modernisation en profondeur de l’outil aérien chinois, même si le niveau technologique atteint reste encore en dessous des standards occidentaux. L’analyse de l’Ordre de bataille (Orbat) est faite par commandement de théâtre au nombre de 5, sachant que les frontières terrestres chinoises concernent 14 pays et que la mer de Chine est au cœur de la stratégie actuelle. Une grande part des moyens aériens relève encore des technologies d’origine soviétique puis russe avec ces systèmes désormais obsolètes, comme les dérivés chinois des MIG19. Mais d’autres appareils comme les J10 et les J11 se révèlent comme des engins performants.
Il n’en demeure pas moins que l’organisation et la doctrine actuelle restent centrées sur la défense de l’espace aérien chinois. Pour le moment, Pékin n’est pas en mesure ou n’a pas encore démontré sa capacité de projection d’une force aérienne à capacité offensive. Néanmoins, le quantitatif permet de disposer d’un rapport de force en faveur de la Chine face à certains États de la région.
Outre les progrès à envisager autour de la maîtrise du C2, il conviendra d’observer avec attention les évolutions concernant la coordination interarmées – encore réduite actuellement – et la montée en puissance des programmes d’avions de nouvelle génération dont notamment le J20 présenté comme un chasseur de cinquième génération par les autorités chinoises, même si on peut encore douter des performances réelles de cet appareil.
Il y a aussi l’avion de transport Xi’an Y20. Ce quadriréacteur lancé en 2006 a effectué son premier vol en janvier 2013. Le 6 juillet 2016, l’armée de l’air a annoncé la mise en service du Y20 avec une cible estimée à 1 000 appareils. Dans ces deux cas, les liens avec l’industrie russe restent importants notamment pour la motorisation et certains équipements de l’avionique, comme il en était de même avec les précédentes familles d’avion.
Ainsi, la classe des bombardiers Xian H6, dont la dernière version est le H6K, est un dérivé du Tupolev TU16, dont le premier vol remonte à 1952. Les H6 ont été produits à partir de 1968. Certains ont une capacité nucléaire.
Les années à venir seront donc décisives et permettront de mieux évaluer les capacités réelles de l’aviation chinoise et en particulier de ses aptitudes offensives. Cette étude contribue ici à une meilleure connaissance et à mieux décrypter les ambitions de Pékin.