Souvent érigée en modèle, la Norvège, indépendante depuis 1905 seulement, est un pays envié. Son fonds d’investissement, le plus important du monde, est riche de près de 900 milliards de dollars, pour une population de 5 millions d’habitants, et possède près de 3 % de la capitalisation boursière mondiale. Chaque Norvégien dispose d’un revenu annuel de plus de 80 000 euros par an !
La Norvège est un des premiers donateurs d’aide au développement, elle est pacifique, a présidé à divers « Accords d’Oslo » et décerne le Nobel de la paix chaque année le 10 octobre. Paradoxe, six Norvégiens sur dix sont contre les ventes d’armes, mais l’armement et ses sous-traitants font vivre 140 000 personnes.
Nés avec des skis aux pieds, ce sont eux qui ont inventé la discipline à la fin du XIXe siècle, champions de ski de fond, ils considèrent la nature comme le meilleur remède à tous leurs maux du corps et de l’âme. Ce pays a donné au monde de grands hommes, tels que le peintre Edvard Munch, la dramaturge Edvard Grieg, l’explorateur Fridtjof Nansen, l’écrivain Knut Hamsun, mais il a aussi engendré le nazi Vidkun Quisling et Anders Behring Breivik, monstre froid qui a massacré 77 personnes en juillet 2011, plongeant le pays dans un traumatisme dont il ne s’est toujours pas remis. En 2012, le Fremkrittspartiet (Parti du progrès, dont Breivik fut longtemps membre) a accédé au pouvoir avec la droite classique. C’est un parti populiste de droite qui a su s’éloigner d’une doctrine trop extrême, comme en Suède, et devenir fréquentable. Fait peu connu en France : la Norvège compte désormais 13 % d’immigrés (11 % en France) de 219 pays différents. Les premiers Pakistanais sont arrivés à la fin des années 1960. C’est un ingénieur pétrolier irakien, venu soigner son fils atteint d’une maladie rare, qui fut à l’origine du miracle pétrolier norvégien en 1970.
Étirée tout en longueur, la Norvège compte 103 000 kilomètres de côtes et 50 000 îles. Avec peu d’habitants au km² (17), 78 % des Norvégiens habitent encore aujourd’hui un département en bord de mer, mais 95 % des terres ne sont pas cultivables. Un Norvégien doit marcher au moins 65 mètres avant de rencontrer un autre être humain. C’est pour cela qu’il n’aime pas la proximité, ni les foules. Quel avenir se dessine pour ce pays qui est le quatorzième exportateur de pétrole du monde et le sixième du gaz ? Eva Joly, autant norvégienne que française, voit une Norvège post-pétrolière moins singulière dans l’avenir, plus banale, plus semblable aux autres pays, une Norvège beaucoup plus verte. Pour le moment la Norvège affronte la baisse de ses revenus pétroliers et gaziers en développant les industries innovantes.