Après « L’aviation française, 1914-1918 » puis « La bataille aérienne de Verdun, 1916 », l’historien de l’air Georges Pagé poursuit, chez le même éditeur toulousain, ses récits de la Grande Guerre, en relatant la bataille de la Somme, il y a un siècle, sous l’angle des combats aériens. Lui-même, pilote aguerri, passionné d’aviation, connaît de l’intérieur le milieu aéronautique.
Grâce à ses talents de conteur, l’auteur parvient à transfigurer « ce qui pourrait n’être qu’un aride exposé des faits ». Dans de courts chapitres, il fait alterner de petits exposés sur : la préparation aérienne, le combat aérien, la TSF et l’aviation, la vie au sein d’une escadrille, le triomphe de la volonté, et une évocation de destins individuels souvent poignants. Les uns nous sont familiers : Guynemer, Fonck, Navarre, les autres sont « des héros anonymes inconnus du grand public ». Il y avait même parmi les pilotes des prêtres combattants qui, mobilisés, n’étaient pas tous des aumôniers ou des brancardiers.
L’auteur montre comment, au cours de ce terrible conflit, l’aviation s’est rapidement développée. Dotée de 138 appareils rudimentaires, au début de la guerre, en 1914, la France en possédait plus de dix mille d’une toute autre qualité, fin 1918. L’Allemagne avait préparé la guerre (p. 97) notamment en lançant « une souscription nationale pour l’aviation. A la fin de décembre 1913, elle avait recueilli l’équivalent de 9 millions de francs (or) » ! Elle ouvrit les hostilités en violant la neutralité belge, se livrant à des atrocités. Dans une lettre à François-Joseph d’Autriche, Guillaume II avoue sa responsabilité terrible en écrivant (p. 158) : « Mon âme se déchire, mais il faut mettre à feu et à sang, égorger hommes, femmes, enfants et vieillards, ne laisser debout ni un arbre, ni une maison. Avec ces procédés de terreur, la guerre finira avant deux mois … ».
G. Pagé élargit son propos en évoquant l’implication progressive mais tardive des Anglais, celle des Américains, des Italiens. Parmi les données significatives de l’ouvrage, rappelons que « la majorité des pertes qui touchent l’aviation militaire pendant le conflit provient des accidents qui surviennent au front, mais surtout en école, où l’inexpérience entre pour beaucoup dans le nombre des tués (p. 351) ». La France, outre un million six cent mille morts, compte plus de six cent mille veuves. La natalité s’effondre !
L’auteur prévoit d’ajouter à la seconde édition quelques illustrations. Une carte du front de la Somme avec localisation des sites ainsi qu’un index des personnes et des lieux, serait effectivement souhaitable pour cet ouvrage qui est aussi intéressant qu’instructif, tout particulièrement pour les jeunes générations.
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