Les Pirates contre Rome est un véritable ouvrage d’historien comportant de solides références aussi bien aux œuvres littéraires et historiques grecques et romaines qu’à toutes les ressources iconographiques qu’offrent les musées en ce domaine. L’auteur met ainsi en évidence l’importance que les pirates ont pu avoir dans le monde antique, évoquant les réactions que la piraterie suscitait à tous les niveaux de la société.
Le livre ne se présente pas pour autant comme un travail d’érudit, il est attractif, facile à lire et ouvert à tous grâce à des références au monde actuel et à des comparaisons avec des personnages qui sont familiers tant en littérature qu’au cinéma.
L’ouvrage qui comporte quelques illustrations bien choisies est divisé en 8 chapitres suivant une construction intelligente qui progressivement, partant du pirate, de ses méthodes, de considérations techniques, très bien documentées sur la construction des navires et l’utilisation des embarcations, nous conduit au cœur même de l’histoire de Rome en nous faisant comprendre comment la République romaine disposant d’une marine sous équipée a progressivement construit les moyens de sa stratégie consistant à exercer sa domination sur l’ensemble de la Méditerranée, pour protéger ses flux commerciaux et affirmer sa puissance.
L’intitulé de chacun des chapitres est particulièrement évocateur et reprend en général une formule connue destinée à susciter la curiosité du lecteur. Il en en va ainsi du chapitre V relatant la capture de César par les pirates qui s’intitule « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ». L’auteur en s’appuyant sur Plutarque et Suétone expose comment et à quelle date César a été capturé par les pirates et rapidement relâché moyennant une généreuse rançon suivant des méthodes qui sont encore actuellement celles des pirates, il mentionne néanmoins, car il a toujours le souci d’être précis et exhaustif, les doutes et les invraisemblances qui ont été soulignés à propos de cet épisode.
Le récit de ces détails n’est pourtant pas l’essentiel, ce qui est passionnant, et nous renvoie à des considérations de géopolitiques qui sont encore d’actualité, ce sont les chapitres 7 et 8 relatant comment Romme, après avoir défini les zones d’action où la flotte devait intervenir (la Cilicie principal port d’attache des pirates) a développé une marine et pris les textes qu’il fallait pour donner les moyens nécessaires au commandement. Les autorités romaines ont ensuite lancé les opérations qui ont permis à Pompée d’éliminer les pirates grâce à une stratégie intelligente qui a dégagé en priorité les grands axes par lesquels s’effectuait l’approvisionnement de la Ville.
La Victoire de Rome a pu paraître totale pourtant la piraterie n’a jamais été éliminée. L’ouvrage de Claude Sintes nous permet de comprendre pourquoi. L’analyse qu’il fait des conditions expliquant la naissance, l’organisation et le développement de la piraterie se retrouve actuellement et éclaire de façon pertinente le déroulement des opérations engagées par les États et les organisations internationales.