La publication des promotions de la Légion d’honneur suscite toujours de nombreux commentaires sur les personnalités ainsi récompensées par la République avec toujours des questions sur son attribution. Cette notion de récompense publique est très ancienne et s’inscrit dans une longue histoire remontant au Moyen Âge avec les ordres de chevalerie dont la dimension chrétienne constituait le fondement et en structurait l’organisation hiérarchique.
Le mérite de cet ouvrage – parfois aride à lire – est d’expliquer le cheminement de ce processus visant à reconnaître et honorer des individus. Certes, initialement, les honneurs sont réservés à une élite aristocratique dont les qualités ainsi soulignées sont essentiellement militaires et acquises au combat, même si la naissance restait le facteur discriminant initial. La préoccupation de la Royauté est de pouvoir se doter de ces outils de récompense pour renforcer la fidélité et l’allégeance des nobles ainsi décorés.
Progressivement, la notion de mérite devient le critère principal d’obtention et Louis XIV, en 1693, établit l’Ordre de Saint Louis dont la prééminence s’impose et dont l’organisation va préfigurer l’Ordre de la Légion d’honneur.
La Révolution va faire table rase mais se trouvera vite confrontée à la question de la reconnaissance des mérites en particulier militaires.
Bonaparte va alors créer en 1802, la Légion d’honneur – s’inspirant de l’Ordre de Saint Louis – donnant à l’État un système très cohérent de récompenses ouvert à tous les citoyens, militaires et civils, avec des règles strictes d’attribution et une hiérarchie propre encore en vigueur.
L’auteur décrit avec minutie l’organisation et le fonctionnement de l’Ordre au fil des deux siècles de son histoire avec ses réussites mais aussi ses dysfonctionnements au demeurant plutôt limités. Mais à côté de la Légion d’honneur, d’autres récompenses ont été créées dont la Médaille militaire par Napoléon III en 1852 ainsi que les médailles commémoratives avec la première en 1856 pour la Crimée, afin de reconnaître les soldats ayant ainsi participé à des campagnes.
L’Ordre de la Libération, quant à lui, constitue un cas particulier directement lié à la France libre et dont la symbolique s’inscrit dans la geste gaullienne, avec un contingent qui est resté très limité et clos définitivement.
Le général de Gaulle a également créé le Mérite, second Ordre national et donnant ainsi une cohérence aux deux Ordres, répondant aux besoins de récompenser.
Et l’un des mérites de l’ouvrage est de remettre quelques idées à l’endroit et éliminer certaines idées reçues. En particulier, sur les conditions de demandes et d’attribution de la Légion d’honneur où quelques cas médiatisés et qui existent pourraient faire croire que le processus de sélection serait parfois aléatoire et arbitraire. Il n’en est rien et le travail de la grande chancellerie reste marqué par une très grande rigueur. Bien souvent, certains commentaires sont plutôt le fait de « people » jaloux de ne pas être honorés. Depuis sa création, il y a plus de deux siècles, environ un million de Français ont été honorés, ce qui traduit la très grande sélectivité de la Légion d’honneur. Celle-ci a su s’adapter aux évolutions sociétales et répondre à la nécessité de reconnaissance par l’État de citoyens de toutes conditions ayant œuvré pour le bien commun.