Ce très beau livre superbement illustré et bien documenté a l’ambition de nous convier à un voyage dans le temps, au sein de cet espace maritime plus ou moins mystérieux qui deviendra progressivement vers la fin du XVIe siècle ce que nous appelons aujourd’hui l’océan Indien.
En s’appuyant sur des sources archéologiques et historiques riches et variées, Emmanuelle Vagnon et Éric Vallet mettent en perspective plusieurs visions différentes de cet océan, selon que l’on se trouve en Perse, en Méditerranée, en Arabie, en Afrique, en Inde ou même en Chine. Commerçants et conquérants le considèrent également d’un point de vue distinct.
Partenaire majeur de cet ouvrage, la Bibliothèque nationale de France a souhaité que ses riches fonds cartographiques et iconographiques soient ainsi mis en valeur et rendus accessibles au public. La BnF a en effet réuni au cours des siècles la plus importante collection au monde de cartes marines sur parchemin, appelées aussi cartes-portulans, soit près de cinq cents cartes et atlas produits de la fin du XIIIe au XVIIIe siècle. Notons que la collection de cartes marines ainsi que de nombreux manuscrits sont désormais disponibles en ligne dans la bibliothèque numérique Gallica.
C’est donc en s’appuyant sur cette collection unique de documents datés et d’origines diverses que les auteurs ont pu successivement montrer et expliquer des visions différentes et complémentaires de cet espace marin situé entre la Méditerranée et l’Asie du Sud-est, depuis les premières vues imagées de l’Antiquité mésopotamienne jusqu’à la représentation à peu près universelle de cet océan désormais relié aux autres sur une mappemonde.
Sur de magnifiques illustrations et grâce à un texte de grande qualité, le lecteur peut suivre les fils épars de ce canevas, de cette fabrique d’une représentation d’abord diffuse et comme voilée, puis de plus en plus claire et précise.
On observera en particulier avec grand intérêt l’étonnante variété des modes de représentation de l’espace ainsi que des méthodes de navigation en usage dans les temps anciens, dans des contextes culturels différents. Le lecteur regrettera peut-être que l’uniformisation et la standardisation utilitaires de l’époque moderne, aient progressivement fait disparaître une large part de ces richesses humaines dues aux civilisations anciennes.
Une bibliographie très complète ainsi que différentes tables et index viennent étayer et compléter l’ouvrage en mettant à la disposition du lecteur comme du chercheur des outils bien utiles.