Au lendemain du G7 des 7-8 juin au Québec et du Sommet Trump/Kim Jong-un de Singapour, du 12, et en pleine « guerre commerciale » entre alliés du camp atlantique, il est intéressant de faire le point sur le rôle et la place unique qu’occupent les États-Unis sur la scène internationale. Sans se livrer à des développements fournis ce petit ouvrage livre, à peu près, l’essentiel en chiffres, cartes et idées clefs.
Un des éléments constituant la puissance américaine est sa population, la troisième du monde, avec 325 millions d’habitants. Or, en 2017 les naissances ont baissé de 2 % ; la chute la plus importante depuis 1987. Certes, le taux de fécondité avec 1,76 enfant par femme est supérieur à celui du Japon (1,46) et de la Chine (1,57) mais il n’en laisse pas moins d’inquiéter. Qu’en sera-t-il en 2050 ? Avec une population estimée, selon les sources, entre 390 et 398 millions, les États-Unis devraient céder leur place au Nigeria crédité de 410 à 420 millions.
Au-delà de ce classement relatif, on peut remarquer que si les États-Unis continuaient leur politique actuelle de fermeture menée par Donald Trump, ils se priveraient d’un flux estimable d’immigrants – souvent qualifiés – qui ont jusque-là contribué à leur force et à leur ouverture au monde.
Si l’on jette maintenant un coup d’œil sur la répartition de la population en fonction de ses affiliations religieuses, on remarque que les chrétiens ne constituent (que) 70,6 % de la population totale, pour un pays passant pour être très religieux. Les chrétiens évangéliques, représentent 25,4 % de la population, un socle solide, qui a voté massivement Donald Trump ; ce qui explique, en grande partie, la politique résolument pro israélienne de la Maison-Blanche. En comparaison les autres confessions paraissent très minoritaires, les juifs 1,9 %, les musulmans 0,9 % (leur nombre est passé de 2,35 millions en 2007 à 3,45 millions en 2017, chiffre bien faible en comparaison des grands pays européens), les bouddhistes et les hindouistes 0,7 % chacun.
Un fait doit être souligné, celui de la disparition progressive de la majorité blanche non hispanique qui, de 65 % de la population américaine devrait passer à 46 % en 2050, les Hispaniques passant de 16 à 30 % de la population, les Asiatiques de 5 à 9 %, le chiffre des Noirs et métis restant stable de 14 à 15 %. Or, c’est bien le mouvement Alternative Right, prônant la suprématie blanche qui a fourni certains des gros bataillons des partisans de Donald Trump.
Bien d’autres indices expliquent la victoire du magnat de l’immobilier. L’Amérique rurale disparaît, le pays se désindustrialise. Autre tendance qui a surpris les observateurs : la baisse de l’espérance de vie au-delà de soixante-dix-huit ans de six à neuf mois par rapport au Japon et à l’Union européenne depuis la moitié des années 2010. Tous ces facteurs expliquent le repli sur soi des États-Unis et le slogan de Donald Trump Make America Great Again. Cependant, les éléments traditionnels bien connus de la puissance américaine : dépenses militaires (610 milliards de dollars en 2018), exportations d’armes (30 % du total mondial), hégémonie des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), présence culturelle, domination sportive, ne sont guère, pour le moment, érodés.
L’auteur s’étend peu dans le détail des relations entre les États-Unis et la Chine qui dessineront en grande partie l’avenir de la planète. Le « vol » du capital technologique américain par la Chine ne vient-il pas d’être évalué à 400-600 milliards de dollars par an ! C’est pour répondre à ce défi que les États-Unis viennent de se doter du super ordinateur le plus puissant du monde, construit par IBM baptisé Summit au coût de 240 millions d’euros, capable d’effectuer 200 000 milliards d’opérations à la seconde, 200 pétaflops ; son concurrent chinois, n’en effectuant que 93 pétaflops. Après la course aux armements, dans l’espace, dans le cyberespace, voilà que la bataille des nouvelles technologies s’exacerbe.
On a beaucoup parlé de l’isolationnisme ou de l’isolement des États-Unis. Le budget du State Department a été réduit de 30 %, quant à l’aide publique au développement elle continue sur sa pente descendante étant passée de 0,6 % à 0,1 % du PIB, bien loin de l’objectif que s’était assigné l’ONU en… 1970. Quant aux rapports avec la Russie qui emplissent les unes des quotidiens, avec le Russia-Gate, les fakes news, les trolls, les affaires d’espionnage, ils sont au point de vue des échanges commerciaux quasi inexistants – autre grande différence avec l’Europe. Les importations depuis la Russie sont tombées de 37 milliards en 2012 à 14,5 milliards en 2017, quant aux exportations américaines vers la Russie elles ont progressé, de 5 milliards de dollars en 1997 à 5,8 milliards en 2017.
États désunis, jusqu’où ira la rupture ? Donald Trump continuera-t-il à démanteler l’ordre international édifié par ses illustres prédécesseurs Roosevelt, Truman… dont le séparent des années lumières. « Un démolisseur à la Maison-Blanche » titrait début juin The Economist, la bible des milieux d’affaires, après « Un insurgé à la Maison-Blanche ». Le 45e occupant de la Maison-Blanche après avoir édifié tant de tours à Manhattan se complaît-il à démolir celles de l’ordre mondial ?