C’est un très beau film que nous offre Cheyenne-Marie Carron. À travers une remarquable étude de mœurs sur la jeunesse actuelle et sa quête d’idéal, elle exalte les vertus d’honneur, de fidélité et de solidarité qui sont l’apanage de notre Armée.
David, vingt ans, est un jeune « blouson doré » en recherche de sensations fortes que ne lui offrent pas ses parents, Bobos soixante-huitards : une mère professeur de philosophie et un père qui manifeste et pétitionne…
Pour s’évader de ce milieu, il a formé avec quelques amis une petite bande qui braque les personnes âgées et redistribue son butin aux SDF. Dans ce cadre, ils attaquent un homme de quatre-vingt ans que leur chef veut obliger à baisser les yeux en lui mettant son pistolet sur la tempe, mais il refuse en disant qu’il est ancien légionnaire. Cette attitude impressionne fortement David. La récolte est maigre : 20 euros et un numéro de Képi Blanc. On voit vivre ce petit groupe de l’intérieur, ses amitiés et ses inimitiés, avec une précision et une justesse de vue impressionnantes.
Un jour, dans le métro, David croise leur victime, Henri, surnommé « le capitaine », il l’aborde, sans se dévoiler, et se lie avec lui. Il va le rencontrer à plusieurs reprises ainsi que quelques-uns de ses anciens camarades de combat et s’imprègne petit à petit des valeurs militaires. Plusieurs événements importants vont survenir qui vont l’écarter de sa bande : discussions de plus en plus serrées, confrontation d’un réalisme saisissant avec de jeunes Maghrébins, dialogue difficile avec son père, rupture momentanée avec Henri, et puis mort d’Henri dont il va reprendre le flambeau dans les très belles images finales.
Voilà un film qui traite avec beaucoup de sensibilité et de vérité du malaise de la jeunesse actuelle, sans « jeunisme » et sans fard. Marie-Cheyenne aime chacun de ses personnages, elle ne les juge pas et dévoile beaucoup d’émotion, entre autres lorsqu’elle met en scène les parents bouleversés par l’évolution de leur fils qu’ils aiment profondément.
Le milieu des anciens légionnaires est, lui aussi, très bien rendu. On sent chez la réalisatrice une très grande sympathie pour le monde militaire et l’esprit de corps, de camaraderie qui y règne, sentiment rarissime dans la production cinématographique contemporaine, qui rend ce film encore plus attachant.
Faites le voir à vos enfants ou petits-enfants : vous aurez ainsi le plaisir de leur transmettre, par média interposé, les valeurs auxquelles vous croyez. Ils vous en remercieront et en feront certainement le point de départ de conversations passionnantes.
Merci, Marie-Cheyenne, du moment exceptionnel que vous nous faites vivre.