Cet ouvrage collectif a pour ambition de nous donner une vision géopolitique renouvelée de cette vaste région maritime située entre les océans Indien et Pacifique. Nathalie Fau et Benoît de Tréglodé ont souhaité en effet éviter le prisme réducteur des seuls conflits actuels en mer de Chine méridionale. Ils ont donc considéré la totalité de l’espace concerné, avec toutes ses composantes et dans toute sa diversité, en ouvrant le champ de la réflexion aux aspects stratégiques, économiques et environnementaux. L’ouvrage fait ainsi appel à des chercheurs de différentes disciplines et notamment étrangers (Malaisie, Taïwan, Philippines, Thaïlande).
Un chapitre introductif précise les données historiques et géographiques puis donne un aperçu général des différents facteurs de conflits, d’où la nécessité de développer des voies et moyens de solutions au travers des coopérations régionales.
Trois parties composent le corps de l’ouvrage. La première est consacrée au contrôle et à la maîtrise des mers. On y traite successivement de diplomatie navale, de coopérations militaires et scientifiques régionales, du rôle singulier de l’île de Hainan. La deuxième partie est focalisée sur l’appropriation des ressources. On y développe le mythe de la coopération halieutique, puis la coopération entre Chine et Vietnam dans le golfe du Tonkin, puis les Zones communes de développement (ZCD) entre l’Australie et Timor-Leste, et enfin le transport maritime international. La protection de l’environnement est l’objet de la dernière partie. Son premier chapitre concentre utilement l’attention sur le détroit de Malacca, avec un conflit permanent entre les enjeux économiques et environnementaux. Les difficultés de la coopération au sein du Triangle de Corail (ITC) sont ensuite détaillées, de même que la situation du grand écosystème marin de Sulu-Sulawesi ; le dernier chapitre traite de la coopération marine en mer de Chine méridionale, vue de Taïwan.
Compte tenu de la complexité de la zone et de la grande variété des problématiques évoquées, il n’était naturellement pas possible d’épuiser le sujet dans un seul ouvrage. Le choix des auteurs a permis de donner des pièces principales du puzzle, ainsi que les références bibliographiques permettant de compléter le panorama en tant que de besoin.
Un rappel historique plus complet aurait peut-être permis de mieux mettre en perspective cette région maritime qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’humanité, comme étant à la fois l’un des plus anciens foyers de civilisation, mais aussi une zone privilégiée de contacts et de passage entre l’Occident, l’Inde, l’Insulinde et l’Extrême-Orient.
Une bibliographie très complète ainsi que différentes cartes, tables et index viennent étayer et compléter l’ouvrage en mettant à la disposition du lecteur comme du chercheur des outils bien utiles.
Emmanuel Desclèves